Par Vincent Strauss, Président de Comgest, Céline Piquemal-Prade, Gérante senior, Actions Internationales, et Laurent Dobler, Gérant senior, Actions Europe.
Les actions restent une classe d'actifs très attractive pour 2013, dans la mesure où elles sont toujours associées à une prime de risque historiquement très élevée. Néanmoins, les sources de croissance des bénéfices à l’échelle mondiale se sont déplacées depuis la crise financière. Cela a conduit à une redécouverte des marchés développés au cours des deux dernières années.
Se concentrer sur les fondamentaux et rechercher la croissance de qualité reste aussi important en 2013 qu'en 2012 car les politiques monétaires mondiales ont déclenché des ondes de choc significatives sur la valorisation des actifs et du risque.
Au niveau mondial, les sources de croissance des bénéfices se sont déplacées des pays émergents vers les pays développés depuis la dernière crise financière. En d'autres termes, nous n'avons pas assisté à un découplage des pays émergents. Avant cette crise mondiale, les taux de croissance des bénéfices des entreprises dans les pays émergents dépassaient régulièrement ceux des pays développés. Ce phénomène est aujourd’hui remis en cause par la hausse des salaires et des coûts relatifs aux infrastructures dans les pays émergents, entraînant une diminution de leurs avantages compétitifs par rapport aux économies développées. Dans le même temps, les pays développés ont enregistré des hausses importantes de productivité et de rentabilité depuis le début de la crise.
Les marchés émergents restent une région d’investissement attractive mais, dans ces économies, le moteur de la consommation intérieure prend progressivement le pas sur celui des exportations. De nombreuses entreprises profitent déjà aujourd'hui de cette tendance et un nombre croissant de marques de grande consommation comme Heineken, L'Oréal ou Samsonite s'attaquent à ces marchés en croissance rapide. Par ailleurs, les efforts pour augmenter la productivité dans les pays émergents exigent souvent des technologies des pays développés. Fanuc, le leader mondial japonais de robots à destination des usines, qui exporte une partie importante de ses produits en Chine, en est un exemple.
Pour tirer parti de ces changements, nous avons augmenté de 66 à 84% l'exposition de notre fonds d’actions internationales Comgest Monde aux actions d'entreprises des pays développés au cours des trois dernières années. Outre cette tendance à la hausse des dépenses de consommation dans les pays émergents, deux autres méga-tendances nous semblent porteuses de croissance : le « Big Data » (Adobe, Google, Oracle) et le vieillissement de la population mondiale (Biomarin, Medtronic, Johnson & Johnson, Hoya). Résultat de notre approche « bottom-up », les deux tiers de notre portefeuille reflètent ces trois méga-tendances.
Malgré la reprise de fin d'année, les actions souffrent encore, en tant que classe d'actifs, d'une bulle de sécurité fortement influencée par l’effet pervers des politiques monétaires mondiales sur la perception du risque par les investisseurs. Depuis 2008, nous avons observé un mouvement massif de retrait des marchés d'actions, tendance qui commence juste à s’inverser si l’on se base sur les chiffres du quatrième trimestre 2012. Les entreprises offrant une croissance de qualité représentent ainsi des opportunités d'achat intéressantes.
Les effets pervers de la politique monétaire sur les primes de risque et le prix des actifs ont, d’autre part, permis aux banques et aux gouvernements de repousser les mesures de restructuration qui s'imposent. Les déséquilibres sociaux continuent de se renforcer, par exemple ceux entre les différentes générations sur le marché du travail ou les disparités entre propriétaires immobiliers et locataires.
Il en résulte un scénario incertain pour 2013. Les marchés d'actions devraient offrir, selon nous, les meilleures opportunités de placement, étant donné que les obligations d'État sans risque devraient avoir un rendement négatif à moyen terme.
D'un point de vue macroéconomique, les taux d'intérêt réels négatifs annoncent un environnement de croissance qui devrait rester faible en 2013. Il existe cependant des signes d’une possible reprise de l'économie mondiale. La baisse des stocks en Chine devrait toucher à sa fin, le marché américain de l'immobilier résidentiel se redresse et une hausse des dépenses d'investissement est à prévoir en 2013, en particulier dans le domaine des TI. La vague mondiale des révisions à la baisse des bénéfices semble refluer. Notre approche « qualité et croissance » permet à nos portefeuilles d’être relativement indépendants des facteurs macroéconomiques.
Notre équipe d’investissement sur les actions européennes a pu dégager une excellente performance en 2012. Tandis que le MSCI Europe s'est apprécié de 17,29% de janvier à décembre 2012, Comgest Growth Europe a réalisé une performance de 28,89% grâce à des investissements dans des entreprises européennes de qualité affichant une performance remarquable telles que Essilor, ARM, Dassault Systèmes ou Inditex, pour n’en citer que quelques-unes.