Le Vieux Continent reste sous le feu des projecteurs cette année encore. La reprise économique européenne va s’intensifier, tandis que les enjeux sont nombreux, à l’image des incertitudes liées au Brexit. Les marchés actions devraient une nouvelle fois tirer leur épingle du jeu.
Être tactique devient stratégique
L’Europe tire parti de facteurs de soutien puissants, tels que le faible niveau de l’euro et des cours du pétrole, ou encore le maintien des taux au plancher. Tous les fruits n’ont pas encore été récoltés. Par ailleurs, les politiques fiscales conduites par les Etats se sont assouplies et les réformes mises en place permettent à la croissance de rebondir, y compris dans les pays périphériques. La consommation des ménages constituera l’un des moteurs majeurs de la reprise, portée aussi par les conditions de crédit qui continuent de se détendre. En 2016, nous tablons sur une croissance d’environ 1,5% en zone euro.
Sur le front monétaire, la BCE joue pleinement son rôle de gardien du temple. Dans la lignée de son célèbre « whatever it takes », son président, Mario Draghi, a annoncé au mois de mars dernier une nouvelle série de mesures d’envergure. Ainsi, l’institution débutera en juin le rachat d’obligations d’entreprises non-financières bien notées. Quatre nouveaux TLTRO (Targeted Longer Term Refinancing Operations ou opérations de refinancement ciblées à long-terme) à destination des banques vont également être mis en place à partir du mois prochain.
Si certains risques tendent à se réduire, comme en Grèce où un compromis semble se dessiner, d’autres peuvent émerger, invitant à la prudence et à déployer une gestion tactique. Si le Royaume-Uni devait choisir la voie du Brexit, le temps de la négociation pourrait être long et entretiendrait donc durablement l’incertitude. L’approche du référendum maintiendra une certaine nervosité sur les marchés. Les conséquences d’un tel événement restent difficiles à mesurer.
Les échéances politiques à venir de part et d’autre de l’Atlantique, la gestion de la remontée des taux aux Etats-Unis, les craintes entourant le ralentissement de la croissance américaine et chinoise ainsi que les tensions géopolitiques liées au pétrole peuvent être sources de déstabilisation des marchés.
Les actions Européennes conservent leur potentiel
Au regard des nombreux atouts que présente l’Europe et malgré la vigilance qui s’impose, les marchés actions affichent encore du potentiel en 2016. Les marges des entreprises de la zone euro vont continuer à progresser cette année, profitant en décalé des mouvements amorcés en 2015 (coût du travail faible, prix des matières premières au plus bas, amélioration de la fiscalité). La réduction de l’écart de rentabilité des entreprises européennes par rapport aux entreprises américaines devrait s’accompagner d’une surperformance de l’Europe par rapport aux Etats-Unis. D’une manière générale, les attentes en termes de progression de résultats d’entreprises sont faibles pour 2016, notamment en cette première partie d’année. Toutefois, nous pensons qu’elles seront revues à la hausse dans les mois qui viennent, en particulier en Europe continentale.
Les niveaux de valorisation restent raisonnables concernant les marchés actions européens. Le secteur des télécommunications offre des opportunités. Il bénéficie d’une baisse de la pression sur les tarifs d’interconnexion, d’une stabilisation des résultats, d’une génération de trésorerie restaurée, d’une visibilité retrouvée sur les dividendes qui pourraient augmenter. Certaines valeurs tirent également parti d’opérations de rapprochement. De son côté, Nokia, sanctionné par le marché en raison des inquiétudes liées au recul des dépenses d’investissements des opérateurs de télécommunications, mais dont le modèle d’activité s’est profondément transformé, présente une opportunité d’investissement attractive.
Au sein du secteur des « utilities » 1, nous nous attachons à sélectionner des valeurs régulées, telles que Terna et Snam en Italie, caractérisées par une importante visibilité et un rendement stable. L’aéronautique et l’automobile recèlent également quelques titres attractifs. Airbus affiche un carnet de commandes bien rempli, correspondant à 10 ans de production. La génération de cash-flow pourrait accélérer, en raison de coûts de développement moindres avec l’achèvement du renouvellement de la gamme. Quant à Peugeot, le Groupe bénéficie des effets d’un plan de restructuration efficace. L’accélération du mouvement de consolidation dans l’hôtellerie rend le secteur particulièrement attractif. Par exemple, Accor développe une stratégie ambitieuse et constitue un acteur majeur du mouvement de consolidation amorcé au niveau mondial, orchestré en partie par la Chine. Enfin, le secteur pharmaceutique offre plusieurs opportunités d’investissement, à l’image d’AstraZeneca, offrant une combinaison de rendement et de croissance.
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Comprendre l'économie durable pour s'y investir