Selon un article de l'édition annuelle de Global Investment Matters de Willis Towers Watson, les gestionnaires d'actifs doivent prendre conscience que le « Socialement responsable » va devenir une condition préalable pour se voir attribuer la gestion d'un mandat d'investissement à l'avenir. L'article précise que les détenteurs d'actifs voudront de plus en plus comprendre l’ensemble des risques pris par les gestionnaires, tant au niveau du portefeuille que de la stratégie globale.
Pierre Wendling, consultant senior du département investissements pour Willis Towers Watson France, souligne : « Nous savons bien que bon nombre de bénéficiaires - membres de fonds de pension mais aussi organismes caritatifs et fondations – sont largement tournés vers le durable et ont des convictions fortes en la matière. »
Dans cette publication, Willis Towers Watson reconnaît que les concepts ne sont pas clairement définis, ce qui empêche les investisseurs d’adopter des stratégies ISR et les gestionnaires d’actifs de mettre au point et déployer de telles stratégies. L’article suggère que toute approche ISR débute par l’examen des impacts financiers des risques et des opportunités liés aux critères ISR. Il souligne comme condition sine qua non une prise en considération de ces risques par les gestionnaires dans leur sélection des investissements et la construction des portefeuilles. Une telle approche peut signifier d'orienter le portefeuille vers des sociétés qui obtiennent des notations élevées par rapport aux critères ISR, en considérant que les niveaux de cours actuels ne reflètent pas encore totalement ces facteurs. Par ailleurs, selon Willis Towers Watson, il peut s'agir de cibler des investissements thématiques, par exemple en investissant dans l'immobilier durable, avec l'idée que les marchés ne sont pas encore assez sensibles à l'opportunité offerte d'une transition vers une économie à faible bilan carbone.
Pierre Wendling précise : « Quelle que soit l'approche suivie, elle doit être soutenue par un pilotage efficace des actifs. Par des politiques de vote et d'engagement efficaces, les gestionnaires d'actifs peuvent pousser les entreprises à tirer vers le haut leur stratégie d’investissement et à gérer leurs activités de manière plus durable. »
Dans cet article, Willis Towers Watson explore également l'aspect le plus controversé pour les investisseurs : faut-il accepter que l’accent mis sur le long terme et le durable impliquede se préparer à limiter les gains actuels pour un avenir meilleur ?
Réponse de Pierre Wendling : « La question de savoir si le développement durable est synonyme de rendements sacrifiés divise. Bien que les premières études aient laissé entrevoir une légère sous-performance sous l'effet de l'intégration de facteurs ISR, un nombre croissant d'éléments laisse à penser que leur intégration peut permettre au portefeuille d'égaler, voire de dépasser, les rendements des portefeuilles qui ignorent ces critères, mais la réalité n'est pas tranchée et d'autres pointent du doigt la gouvernance comme le facteur clé expliquant la différence positive de résultats. D'autres études ont suggéré que l'implication de l'entreprise peut conduire à des performances supérieures à risque équivalent, ce qui souligne une fois de plus le rôle prépondérant que joue la qualité de la gouvernance. »
Toujours selon Willis Towers Watson, les détendeurs d'actifs chercheront à collaborer avec d'autres entités pour s'assurer de faire entendre une voix collective au service d’un changement positif.
Pierre Wendling conclut : « C'est tout le secteur de l'investissement qui doit se hisser à la hauteur du défi. De plus en plus, les clients l'exigent, sous la pression de leurs membres, de leurs sponsors, des autorités de tutelle et des organisations professionnelles, mais aussi parce qu'il leur parvient de plus en plus de signes d'une augmentation des risques ISR, qui doivent être mieux compris et mieux gérés. »
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