Des volutes de fumée flottaient, le 30 avril, au-dessus du parc national de Nairobi. Les autorités kenyanes incinéraient en effet 1.35 tonnes d’ivoire et plus d’une tonne de cornes de rhinocéros lors de la plus grande destruction d’ivoire jamais vue dans le monde.
« La quantité d’ivoire détruite est colossale. Hormis les pièces d’ivoire conservées dans le cadre de procédures judiciaires ou à des fins éducatives ou scientifiques, l’intégralité des stocks kenyans a été détruite », explique James Isiche, Directeur régional Afrique de l’Est d’IFAW (Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org).
« En incinérant ces stocks d’ivoire et de cornes de rhinocéros, le Kenya les rend à jamais inutilisables et envoie un message fort aux criminels : les autorités kenyanes ont la ferme intention de mettre un terme au trafic d’ivoire et de cornes de rhinocéros, responsables du braconnage qui décime les populations de pachydermes et de rhinocéros. »
Le Kenya avait déjà détruit plus de 30 tonnes d’ivoire depuis 1989. En mars 2015, le président Uhuru Kenyatta procédait à l’incinération de 15 tonnes d’ivoire. Ses deux prédécesseurs, les présidents Mwai Kibaki et Daniel Moi, avaient respectivement fait détruire 5 tonnes en 2011 et 12 tonnes en 1989. L’événement de 1989 avait d’ailleurs attiré l’attention des médias et avait contribué à l’adoption de l’embargo international sur le commerce d’ivoire déclaré en 1990.
Lors de l’événement historique qui s’est tenu aujourd’hui, trois chefs d’État en fonction, MM. Ian Khama, président du Botswana, Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, et Yoweri Museveni, président de l’Ouganda, se sont joints au président kenyan pour allumer quatre des dix buchers installés.
Plus tôt dans la journée, les quatre présidents avaient conclu le sommet inaugural de deux jours du Giants Club, un forum privé qui rassemble des chefs d’États africains, des dirigeants de grandes entreprises et des experts de la protection des éléphants pour se pencher sur la protection des derniers éléphants du continent et des habitats dont ils dépendent.
Azzedine Downes, Directeur général d’IFAW, a participé au sommet du Giants Club en tant que spécialiste de la conservation des éléphants, ainsi qu’à la destruction de l’ivoire.
« La destruction des stocks à laquelle nous avons assisté aujourd’hui est un événement majeur dans la lutte contre le trafic d’ivoire et de cornes de rhinocéros. En procédant à la plus grande destruction d’ivoire au monde, le Kenya rappelle que les défenses et les cornes n’ont de valeur que sur les animaux vivants auxquels elles appartiennent », déclare-t-il.
Depuis 2011, dix-huit pays ont procédé à la destruction de plus de 100 tonnes d’ivoire cumulées : le Tchad, le Congo, l’Ethiopie, la Chine, la France, le Gabon, l’Italie, les Émirats arabes unis, le Sri Lanka, Hong Kong, la Belgique, le Mozambique, le Cameroun, la Malaisie, les Philippines, les États-Unis, le Malawi, la Thaïlande et le Kenya.
Malgré ces victoires, le commerce d’ivoire menace d’extinction les éléphants. Chaque année, entre 25 000 et 30 000 éléphants d’Afrique sont abattus pour le commerce de l’ivoire. Les volumes d’ivoire saisis sont toujours en hausse : 24,3 tonnes ont été confisquées en 2011, contre 30 en 2012 et 41,5 tonnes en 2013. Par ailleurs, 17,8 tonnes ont été saisies entre janvier et août 2014, et 32 tonnes en 2015.
La majeure partie de l'ivoire de contrebande est destinée à l'Asie, en particulier à la Chine, où cet « or blanc » tant convoité a connu une augmentation considérable de sa valeur en tant que véhicule d'investissement.
Dans son rapport la Nature du crime, préfacé par Nicolas Hulot, alors Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète, et Laurent Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères, IFAW rappelle la menace que représente le trafic pour les animaux tels que l’éléphant, le rhinocéros mais aussi pour les êtres humains.
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