Extraits de l’enquête menée par le cabinet international Pinsent Masons et YouGov, qui ont interrogé les décideurs de plus de 1000 sociétés britanniques, françaises et allemandes au sujet du Brexit.
Alors qu'il reste moins de 6 semaines avant ce referendum, l’enquête révèle que seule 1 entreprise sur 4 au sein des trois plus importantes économies européennes a clairement planifié sa stratégie face à l'impact d'un vote en faveur du Brexit :
- 26% des organisations interrogées ont défini un plan d'action à mettre en place face aux risques découlant d'un Brexit.
- 53% des personnes interrogées ont avoué que le sujet n'avait fait l'objet d'aucune discussion au sein du Conseil d'Administration.
- 1 société britannique sur 10 a admis avoir envisagé ou planifié une délocalisation de ses opérations au Royaume-Uni vers un autre pays en cas de Brexit.
- Les entreprises françaises et allemandes sont plus susceptibles d'avoir étudié les opportunités commerciales pouvant découler d'un Brexit que les entreprises britanniques.
Christoph Maurer, Associé Gérant du bureau parisien de Pinsent Masons, commente ces résultats : « Même si le sujet du Brexit jouit d'une certaine popularité dans la presse, nous constatons qu'il n'a pas encore fait son entrée au sein des Comités de Direction français. Notre recherche indique que près de deux tiers des sociétés françaises interrogées n'ont, au sein de leur Comité de Direction, ni soulevé la question des impacts que pourrait avoir un Brexit, ni établi de plan d'action dans cette éventualité.
Il est important de se rendre compte qu'un vote du Royaume-Uni en faveur de sa sortie de l’UE aurait d'importantes conséquences pour toutes les entreprises, qu'elles aient des relations commerciales avec le Royaume-Uni et/ou y soient présentes ou non.
Certains économistes considèrent qu'un vote en faveur du Brexit pourrait profondément ébranler l'économie, voire même faire basculer le Royaume-Uni et la zone Euro dans une nouvelle récession.
Que l'on fasse cas de ce type de prédiction ou non, il est difficile d'imaginer que le cours des devises ne sera pas tout au moins impacté. L'incertitude qui règne autour du statut des citoyens britanniques travaillant en France et vice-versa pourrait également constituer un défi de taille.
Les incertitudes d'un monde dans lequel le Brexit aurait eu lieu sont telles que la tentation pourrait être de ne rien faire jusqu'à ce que soient publiés les résultats du referendum. Notre conseil aux entreprises est toutefois de prendre certaines mesures dès à présent. Si personne n'est à même de se prémunir de tous les risques, il est cependant possible d'identifier les sujets sensibles et de réfléchir aux moyens d'en atténuer les effets.
Dans tous les cas, il est encourageant de constater que 19% des entreprises françaises auxquelles nous avons parlé ont commencé à identifier les opportunités commerciales qui pourraient découler d'un Brexit, contre seulement 13% des entreprises britanniques. Cela pourrait indiquer que certaines entreprises françaises gardent une attitude positive face à ce changement, malgré une majorité plus pessimiste. »
Une planification en amont
Le cabinet Pinsent Masons soutient que de nombreuses mesures peuvent être prises par les sociétés dès à présent afin de minimiser les perturbations que provoquerait un Brexit, depuis l'estimation du nombre d'employés susceptibles d'être touchés par les dispositions de liberté de circulation à l'étude du lieu et des modalités de détention des données client de l'entreprise.
« Il y a certaines choses simples que les sociétés peuvent faire, la première consiste à identifier tous les contrats essentiels et à vérifier qu'ils tiendraient face au changement. Tout accord faisant spécifiquement référence à l’UE comme territoire régi par le contrat risquerait de manquer de clarté. Il sera certainement plus simple de s'accorder maintenant sur des modifications à ces accords, d'autant plus dans le cas de contrats qui n'ont pas encore été signés, qu'après un vote, une fois que les personnes assises de l'autre côté de la table sauront que le temps est compté », commente Guy Lougher, associé responsable de l'équipe Brexit de Pinsent Masons.
Il est également surprenant, au vu des craintes de perturbation économique, de constater le peu d'entreprises ayant entamé des discussions avec leurs investisseurs et actionnaires quant à leur attitude face au risque à la suite d'un vote donnant la sortie du Royaume-Uni gagnante. Il semblerait judicieux d'aborder ces questions alors que nous évoluons encore dans des conditions relativement favorables. Il est toutefois encourageant de noter que certaines entreprises étudient les opportunités commerciales qui pourraient provenir d'un Brexit. Si cette réaction constitue l'une des deux mesures prises le plus volontiers par les sociétés françaises et allemandes, elle n'est pas aussi évidente pour les sociétés britanniques.
Influencer l'opinion publique
Le rapport Pinsent Masons / YouGov indique que les grosses sociétés sont encore susceptibles de tenter d'influencer le résultat du vote, alors que 32% des 221 grandes entreprises britanniques interrogées se disent prêtes à suivre les traces d'Airbus et à sensibiliser leurs employés aux conséquences qu'un Brexit aurait sur leur activité. Ceci signifie qu'on peut s'attendre à ce que de plus en plus d'organisations dévoilent leur jeu à l'approche du vote.
Durant le referendum écossais, nous avons vu une multitude de sociétés prendre conscience à la dernière minute des impacts qu'un changement constitutionnel pourrait avoir sur leurs organisations, et beaucoup pensent que ce revirement de situation a été déterminant. Si la communication interne parvient à influencer l'opinion publique, ce qui est souvent le cas, nous risquons de voir l'Histoire se répéter.
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