Par Gaëlle Mallejac, Directrice de la Gestion de Taux chez Groupama AM.
Des levées d’incertitudes dans la zone euro
Taux longs
Les marchés restent marqués par un environnement de taux très bas dans les pays « core » de la zone euro et aux Etats-Unis, favorisé par les débats outre Atlantique sur le « mur budgétaire » et le nouveau « Quantitative Easing », programme d’achat de dettes de la Réserve Fédérale. Les marchés de dettes périphériques et de dettes privées ont, quant à eux, été plutôt soutenus par la levée d’incertitudes entourant la zone euro. On notera, en premier lieu, la résolution du dossier grec avec le versement de la tranche d’aide, signal fort de volonté de soutien des pays de la zone euro. Les annonces de finalisation de la restructuration bancaire en Espagne et du versement de l’aide européenne pour la recapitalisation des banques constituent aussi un facteur de soutien aux classes d’actifs plus risquées. Les remous politiques récents en Italie n’auront eu qu’un effet limité.
Du côté de l’Union Bancaire, le Conseil Européen a conclu un accord sur la création d’un mécanisme de surveillance unique, confiant la supervision bancaire à la BCE. Ce contexte d’avancées, certes limitées, mais progressives au niveau européen favorise le retour de la confiance et devrait alimenter une légère remontée des taux « core ». Toutefois, la récession en zone euro et l’économie allemande qui s’en trouve affaiblie, limite cette hausse des taux. En ce qui concerne les pays périphériques, dans un environnement toujours constructif au niveau institutionnel et dans l’expectative de la demande d’aide financière de l’Espagne, nous attendons une poursuite de la baisse des taux de l’Italie et de l’Espagne. Néanmoins, il nous semble qu’au vu du chemin parcouru sur les taux courts de ces deux pays, ces derniers sont proches de leur valeur fondamentale. Nous leur préférons le Portugal sur ces maturités courtes, pays sur lequel nous initions un retour.
Nous surveillerons de près les premières adjudications italiennes et espagnoles de l’année pour suivre l’appétit des investisseurs pour ces dettes et notamment les banques domestiques. La dette française est, selon nous, un peu chère sur les maturités courtes. La dette à 10 ans, quant à elle, devrait voir son spread continuer d’évoluer autour de 60-70bp contre Allemagne.
Crédit
Le marché du crédit affiche une évolution toujours favorable avec une surperformance qui reste dirigée par le secteur financier.
Le crédit périphérique poursuit sa tendance au resserrement des spreads. Le crédit des pays « core », avec des spreads beaucoup plus serrés, quant à lui ne se resserre plus. Nous maintenons notre vue positive sur la classe d’actif.
Stratégie de gestion
En termes d’allocation pays, nous allégeons notre positionnement sur les maturités courtes espagnoles et italiennes et initions un retour sur les titres courts portugais. L’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande restent sous-pondérés, toujours par l’absence de positions sur les maturités courtes. Par ailleurs, nous abaissons notre exposition sur la dette française court terme, qui n’offre plus de valeur. La surpondération sur la Belgique et l’Autriche est maintenue et l’exposition privilégie les maturités à moyen et long termes.
Sur le crédit, sous conservons notre allocation à 100% et notre sensibilité crédit à 105%. Nous poursuivons l’allègement sur les émetteurs des pays « core » au profit des émetteurs espagnols et italiens. Nous initions une baisse de notre surpondération sur les dettes bancaires seniors au profit des dettes bancaires subordonnées.