Etats-Unis
Le rallye des obligations d’entreprises américaines s’est prolongé au cours du mois, portant à 11 semaines la durée du rebond initié le 11 février. Aussi bien le segment high yield qu’investment grade ont bénéficié de facteurs techniques robustes, et notamment de flux d’investissement soutenus, quoiqu’en légère décélération. Au cours de la période, les performances s’expliquent par la remontée de l’appétit des investisseurs pour le risque, comme l’illustre la forte surperformance des crédits CCC ainsi que des émissions du secteur des matériaux de base pourtant en difficulté. En dépit du vif rebond des secteurs de l’énergie et des métaux/mines au cours du mois, ces secteurs restent néanmoins pénalisés par une hausse des taux de défaut. Les émetteurs high yield sont revenus sur le marché primaire, dans l’objectif de refinancer leur dette existante.
Nous avons également observé un phénomène de remplacement des loans par des obligations chez certains émetteurs. Le financement obligataire, en substitution des loans, offre aux entreprises plusieurs avantages, notamment l’accès à des maturités plus longues, des clauses protectrices moins contraignantes, des engagements de collatéral moins lourds, ainsi que l’attrait de taux d’intérêt fixes peu élevés (en cas de remontée à terme des taux). Plusieurs entreprises en difficulté au sein du secteur des matériaux de base ont émis des actions et cédé des actifs au cours de la période, ce qui constitue une évolution encourageante dans le secteur. Dans la mesure où notre approche de gestion cible l’optimisation du couple rendement/risque et la protection du capital, nous n’investissons pas dans les entreprises en difficulté. Cependant, nous admettons que cette évolution constitue un facteur positif pour le secteur. Face au récent retournement majeur du marché des obligations d’entreprises et compte tenu des inconnues qui planent encore sur les marchés (résultat du référendum sur le Brexit, mesures/discours des banques centrales), nous ne serions guère étonnés d’assister à une période de consolidation sur les marchés. Selon nous, les gestionnaires spécialisés dans les titres de haute qualité devraient surperformer dans un environnement plus volatil.
Europe
À l’instar de la situation aux États-Unis, les segments des obligations d’entreprises high yield et investment grade ont poursuivi leur rebond au cours du mois en Europe. Cette tendance s’explique par les mesures des banques centrales qui ont contribué à raviver la confiance des investisseurs dans un environnement de taux bas. Le segment high yield a particulièrement bien performé, tandis que le segment investment grade a dû faire face à un certain retracement des taux suite au vif rallye observé en mars. Les facteurs techniques sont restés robustes, en particulier au sein du segment high yield, grâce à la hausse des flux d’investissement tant dans le segment high yield qu’investment grade.
Au sein du segment high yield, le marché primaire est resté relativement calme au cours de la période, tandis que les émetteurs investment grade européens ont tiré profit du recul des taux résultant du récent rallye et de la forte demande pour la classe d’actifs. Selon nous, le marché primaire devrait repartir au sein du segment high yield à mesure que les entreprises cherchent à bénéficier des niveaux de financement attrayants. Il convient de noter que depuis le début de l’année, près des trois quarts des volumes d’émission high yield proviennent d’entreprises notées BB, contre 50% en 2015 (source : JP Morgan). Cette tendance contribue à améliorer la qualité globale du marché. En dépit du récent rallye, les spreads du segment high yield restent attrayants selon nous, tant sur une base relative que fondamentale. En effet, les spreads n’ont pas encore retracé leurs récents points bas et les taux de défaut devraient rester faibles, compte tenu de la hausse de la part des entreprises notées BB. Nous suivons de près le marché investment grade européen, en amont du lancement du programme d’achat d’obligations d’entreprises de la BCE. Nous restons également particulièrement attentifs aux débats entourant la question du Brexit au Royaume-Uni. À l’heure actuelle, les sondages laissent présager d’un vote majoritaire pour un maintien dans l’U.E.
Marchés Emergents
Les investisseurs sont revenus massivement sur les marchés émergents au cours du mois, ce qui a bénéficié tout autant aux actions émergentes qu’à la dette émergente. La région a ainsi surperformé tant les États-Unis que l’Europe sur plusieurs classes d’actifs, confirmant la vive remontée de l’appétit pour le risque. Les marchés émergents ont bénéficié d’un raffermissement des statistiques économiques en Chine, de la pause de la Réserve fédérale dans son cycle de resserrement, ainsi que des nouvelles mesures d’assouplissement de la BCE. Les investisseurs étaient pour la plupart sous-pondérés sur les marchés émergents durant le mois et, nous pensons qu’ils ont cherché à réinvestir rapidement des liquidités conservées jusque-là en réserve. Les facteurs techniques sont restés très favorables compte tenu des flux d’investissement robustes alliés à une offre limitée. Dans ce contexte de remontée de l’appétit pour le risque, les entreprises en difficulté et de moindre qualité au sein des secteurs des métaux/mines et de l’énergie ont enregistré les plus fortes hausses.
Sur le plan régional, l’Amérique latine, fortement axée sur la production de matières premières, a surperformé. Au niveau politique, les députés brésiliens ont voté en faveur de la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Il appartient maintenant au Sénat de se prononcer sur la question de la destitution effective de la présidente du Brésil. L'Argentine est revenue sur les marchés obligataires internationaux en émettant un nouvel emprunt d’État, son premier en 15 ans.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir