Par Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection et membre diplômé de l’Institut des Actuaires Français.
En mettant l’accent sur l’amélioration des infrastructures, le gouvernement indien dirigé par Narendra Modi affiche les ambitions d’un géant économique en devenir malgré les difficultés récurrentes.
Au cours des derniers mois, les marchés financiers se sont beaucoup intéressés à la Chine, au ralentissement de son économie, à sa politique monétaire… Il est temps de nous intéresser à l’Inde. Je reviens d’un voyage dans ce pays fascinant et déroutant avec 1,3 milliard d’habitants et une population très jeune : 46% des Indiens ont moins de 25 ans.
Le PIB de l’Inde atteint 2 200 Mds$ - 7ème place mondiale - quand celui de la France ressort à 2 800 Mds$. Cela donne un PIB faible à 1 700 dollars par habitant et par an. Bien entendu, l’Inde reste un pays d’avenir mais d’ici 2030, c’est 220 millions de jeunes qui vont arriver sur le marché du travail.
L’économie indienne est encore largement dominée par des structures familiales de petite taille mais elle a trouvé sa place dans la mondialisation grâce à l’informatique bien sûr avec Bangalore, mais aussi le raffinage de pétrole, les produits pharmaceutiques, les bijoux, le tissu… L’UE fait partie des partenaires essentiels pour l’Inde, aussi bien à l’exportation que pour ses importations.
Si l’agriculture occupe encore 50% de la population, elle ne réalise que 17% du PIB de l’Inde. Economie davantage tournée vers les services (52% du PIB contre 31% pour l’industrie), l’Inde est peu endettée (ratio dette/PIB de 47%) mais l’inflation reste élevée, autour de 5%. Pour lutter contre l’inflation, les taux d’intérêts sont élevés et freinent la dynamique des investissements. Il s’agit là d’un des points faibles de l’Inde : un taux d’investissement rapporté au PIB de seulement 28% quand celui de la Chine culmine à 48%. En outre, beaucoup de projets publics ne sont pas menés à terme pour des questions de contraintes réglementaires dans un pays encore marqué par une bureaucratie importante.
Si le marché domestique offre un potentiel considérable, les insuffisances des infrastructures, malgré les améliorations constatées au cours des dernières années, rendent les investissements parfois problématiques. Malgré cela, la croissance atteindra 7,3% en 2015 et probablement 7,5% cette année. L’effort réalisé pour le budget 2016/2017 témoigne d’une volonté politique d’attirer les investissements étrangers : l’allocation destinée au financement des infrastructures va être augmentée de 33 Mds€. L’accent va être mis sur le développement des routes et des ports. Les corridors de développement économique sont axés autour des grandes villes mais une large partie du territoire indien reste isolé, à l’écart des grands axes.
Le gouvernement Modi prévoit également de dépenser 6 Mds€ pour l’agriculture avec un effort concentré en particulier sur le développement des canaux d’irrigation. Un enjeu crucial afin d’améliorer la productivité encore faible du secteur agricole.
Pas de développement « à marche forcée »
La grande sagesse du peuple indien, influencé par l’hindouisme, constitue un atout majeur de ce pays-continent qui mène à son rythme son développement économique. Il n’y a pas, comme en Chine, de développement « à marche forcée ». L’Inde est un géant qui avance et qui trouve sa place dans l’économie mondiale grâce à des atouts nombreux, un positionnement intelligent dans la mondialisation, et ce, malgré les difficultés évidentes toujours présentes.
Le pays peut compter sur la baisse actuelle des prix du pétrole puisqu’il importe sa consommation d’hydrocarbures. Par rapport à son grand voisin chinois, le peuple indien a également l’avantage d’être largement anglophone. Il n’y a pas de rancœur envers l’Angleterre, l’ancienne puissance coloniale. Les Indiens sont fiers de leur culture et prennent ce que l’Angleterre leur a apportés pour un enrichissement.
Bien entendu, les blocages persistants liés aux lourdeurs administratives et au système des castes ne vont pas disparaître en quelques semaines. Mais l’Inde dispose de trop d’atouts pour passer à côté de son développement. Les investisseurs ne doivent pas s’y tromper en restant à l’écart de ce pays-continent, l’Inde et son peuple ingénieux, sage et travailleur qui a tous les atouts pour réussir !
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