Nicolas Forest, Directeur de la gestion obligataire chez Candriam, commente les annonces de la BCE du 22 avril
Plus d’un mois après avoir agréablement surpris les marchés en annonçant une nouvelle série de mesures extraordinaires (baisse des taux, augmentation du programme d’achat et élargissement de l’univers avec les obligations d’entreprise), Mario Draghi était finalement surtout attendu sur une explication de texte. Le président de la BCE a donc fait « le service après-vente » des nouvelles mesures d’accommodation qui ont soulevé, depuis, toute une série d’interrogations sur le marché.
Ses actions ont-elles un réel impact sur l’économie européenne ?
Le risque économique reste à la baisse selon Mario Draghi et l’inflation pourrait repartir en territoire négatif. Cela justifie des taux bas pour longtemps. Dans le même temps, des signaux encourageants sont perceptibles sur le crédit et les masses monétaires. Ainsi, au premier trimestre, la demande et l’offre de crédit se sont améliorées grâce notamment aux taux monétaires négatifs.
La BCE a-t-elle encore des munitions ?
Après une certaine ambiguïté en mars, Mario Draghi a clairement indiqué que les taux resteraient bas mais qu’ils pourraient même baisser davantage…une manière d’indiquer au marché qu’il reste donc de la marge. Pour autant, le marché n’est pas complétement convaincu de cette possibilité avec des taux à la hausse.
Son action est-elle facilement implémentable ?
C’est la seule réelle annonce de cette réunion. Le site la BCE a publié les détails du programme d’achat des obligations d’entreprise. Avec une limite de 70% par émetteur et la capacité d’acheter du 30 ans, la banque centrale se laisse finalement beaucoup de marge dans son action et pourrait ainsi acheter plus de 12 Mds€ de dette d’entreprise par mois. C’est plus qu’anticipé. La BCE pourrait ainsi détenir plus de 7% du marché de la dette d’entreprise dans 9 mois. C’est beaucoup et cette nouvelle a été bien accueillie par les marchés du crédit. La BCE devient plus que jamais un acteur majeur dans la dette obligataire… au risque de réduire fortement la liquidité de certaines émissions d’entreprise.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir