Dans le cadre du 13ème plan quinquennal chinois, 2016/2020, le gouvernement a annoncé qu’il allait supprimer les prix planchers en maïs dès 2016, en conservant toutefois la possibilité de maintenir des volumes d’intervention. Cette décision, surprenante pour les observateurs qui s’attendaient seulement à une baisse des prix planchers, prouve la volonté de Pékin d’opérer un rapprochement significatif entre son marché domestique et les cours mondiaux.
Ce nouveau plan quinquennal confirme la volonté de Pékin de faire disparaître progressivement les filets de sécurité visant les matières agricoles jugées stratégiques. C’est le maïs qui fera figure de test dès la récolte 2016. Ainsi, alors qu’Agritel estimait une baisse des prix planchers ou prix garantis en maïs à -25% soit 1500 CNY/t pour la récolte 2016, le gouvernement a officialisé le 28 mars la probable disparition totale de ces derniers dès la récolte prochaine. « Ce virage stratégique nourrit l’objectif chinois de revenir à une logique de marché mondial sans mettre en danger l’autosuffisance acquise dans le pays, condition de la paix sociale » analyse Michel Portier, directeur général d’Agritel.
Depuis 2008, les prix planchers ont augmenté régulièrement et ont ainsi largement rempli l’objectif d’autosuffisance. Ils ont même permis de constituer des stocks de report colossaux notamment en maïs, supérieurs à 110 Mt selon l’USDA. « Dans un second temps et par capillarité, ces mesures pourraient s’étendre au blé et au riz, autres produits stratégiques du pays, si et seulement si la transition s’est bien effectuée en douceur pour le maïs» ajoute Michel Portier.
Cette orientation stratégique prise par le gouvernement chinois ne devrait cependant pas créer de bouleversement sur la scène internationale pour ce produit : le pays a toujours été un importateur de maïs à la marge, les quotas d’importations des produits dits stratégiques, contrôlés et régulés par des systèmes étatiques, étant chroniquement sous-réalisés. De plus, la Chine a la capacité de remettre ses stocks en marché pour combler la réduction des emblavements anticipés dans le plan quinquennal. En outre, Pékin se garde le droit de revenir aux achats via un mécanisme d’intervention qui pourrait être activé en cas de saturation du marché domestique. L’impact sera certainement plus significatif sur les importations de céréales fourragères, drèches ou coproduits, qui devraient ralentir.
De la même manière, sur le marché des protéines végétales, les décisions prises dans le nouveau plan quinquennal ne devraient pas impacter les marchés. « Bien qu’une augmentation de la production de quelques millions de tonnes de soja soit envisagée, la Chine restera le principal importateur mondial et de loin à cause d’une balance structurellement déficitaire » déclare Michel Portier. En effet, afin d’accompagner l’essor des productions animales voulu par le gouvernement tout en répondant au changement des habitudes alimentaires d’une population de plus en plus urbaine, la Chine pourrait même augmenter régulièrement ses achats jusqu’à la fin du plan quinquennal.
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