Par François Gagnon, Président ERA Europe et ERA France.
Au dernier congrès de la FNAIM, échange de discours entre le nouveau président, Jean-François Buet, et la ministre de l'égalité des territoires et du logement, Cécile Duflot. Le représentant des professionnels de la transaction et de la gestion déplore les projets récents ou actuels de tracasser encore les professionnels en limitant leur liberté, en leur marquant de la défiance. Pêle-mêle il dénonce la volonté d'interdire le compte unique des syndics de copropriété, de supprimer les honoraires de location, de plafonner le montant des honoraires de vente, de sanctionner toujours plus les manquements.
La réponse de Cécile Duflot a été habile et inquiétante. Habile parce qu'elle a rappelé le rôle majeur des professionnels immobiliers, et que rien d'ailleurs ne permet de douter de sa sincérité : avant sa nomination au gouvernement, elle était en mission au sein d'un organisme de logement public, et elle a de notre univers et de ses acteurs une vision précise.
Pourtant, son discours comportait une deuxième partie, inquiétante au plus haut point, et après avoir réaffirmé sa confiance elle l'a conditionnée à des gages supplémentaires que les professionnels devraient donner. On a entendu qu'il faudrait plus de transparence, plus de rigueur, plus de discipline, des tarifs plus ajustés. Bref, l'inverse de la confiance.
Je veux dire pour le déplorer avec gravité que le gouvernement ne semble pas avoir compris ce que veut la profession, que le précédent gouvernement n'avait pas davantage compris : nous voulons la responsabilité, pas la tutelle. Le concept d'un Conseil supérieur des professions immobilières n'est pas autre chose : se voir confier la mission d'organiser, de discipliner, de former, de réformer, plutôt que d'être la cible constante de gestes politiques indélicats et méfiants. En outre, un Conseil supérieur est un interlocuteur titré, bien plus que ne le sont les fédérations : rien ne peut se modifier dans la règlementation d'une profession sans son avis. Nous revendiquons cette dignité. Aimer une profession, l'estimer, c'est la croire capable d'accomplir pour elle-même cette mission.
Au fond, voilà la seule question qui vaille : Madame Duflot, sa collègue de la justice, en charge directe des professions règlementées, Monsieur Hamon, ministre de la consommation, voient-ils les agents immobiliers et les administrateurs de biens comme des imbéciles au sens étymologique, c'est-à-dire littéralement comme des êtres à qui il faut des béquilles pour marcher, ou des acteurs professionnels aptes à piloter leur destin au profit de la collectivité ?
Si c'est ainsi que le gouvernement nous considère, qu'il bâtisse avec nous sans délai un Conseil supérieur des professions immobilières.