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[Le livre du mois] Café Existence

Café Existence : un ouvrage à ne pas manquer !

Horace Engdahl, s’adressant au lecteur français, décrit son dernier livre, Café Existence, comme une collection de fragments. En parcourant ces fragments, association d’aphorismes et de courts essais, on découvre la manière dont l’auteur appréhende l’aphorisme : « L’aphorisme ressemble à un vélo. Sans appui, ni d’un côté, ni de l’autre, il doit se maintenir en mouvement de la première lettre jusqu’à la dernière. Il y a même des aphorismes qui sont des vélos avec une seule roue. Ne bénéficiant d’aucun appui, ils se maintiennent néanmoins en équilibre – un véritable numéro de cirque ».  Il apporte également cette précision : « Le poème esquive sa réflexion comme l’escrimeur la pointe de l’épée. L’aphorisme se laisse transpercer sans que le sang coule ».

Dès les premières pages de Café Existence, le lecteur se laisse emporter et lit ce recueil de fragments comme on lit un recueil de Haïkus, en savourant les mots, les phrases. Il gagne en perception, en conscience… En avançant dans sa lecture, il se rappelle que l’auteur est suédois et salue le travail de la traductrice, Elena Balzamo, qui a su faire passer le talent incomparable d’Horace Engdhal en français.

Une citation de Thomas Thorild, un écrivain du 18ème siècle, également suédois et cité par Engdahl, fait écho à ce travail d’exception : « Je suis contre les miroirs, car une perfection dédoublée n’est plus une perfection ». Dont acte ! D’autant qu’il n’est pas question de perfection dans ces fragments, mais d’introspection, où l’effet miroir, cher aux psychologues, joue à plein entre le lecteur et l’auteur.

Pour vous mettre en bouche, voici quelques-uns des fragments cueillis au fil des pages

  • « Si un texte devient l’objet d’attaques véhémentes, son auteur n’a qu’à chercher en quoi il a vu juste »
  • « L’âme est un phénomène aussi réel que la chaleur ou le froid, mais, à l’instar de la température, elle ne peut être exprimée que par comparaison graduelle. Si tous les individus pouvaient susciter chez nous le même intérêt, l’âme n’aurait jamais été découverte. »
  • « Celui qui se tait n’exprime pas son consentement : il est en train de chercher un non plu grand encore que ce que la langue possède ».

Café Existence, Serge Safran Editeur, octobre 2015, 15,90 €, ISBN : 979-10-90175-40-2

 

Thierry Bisaga


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