Malgré un regain de confiance dans les services financiers, la fidélité des investisseurs reste fragile
- La confiance des investisseurs particuliers dans les services financiers a augmenté depuis 2013 aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, mais elle a diminué au Canada et à Hong Kong.
- Au niveau mondial, les investisseurs considèrent que les coûts d’investissement sont plus importants que la performance ; les sociétés de gestion ne se montrent pas à la hauteur de leurs attentes dans ce domaine.
- Les investisseurs institutionnels accordent plus d’importance aux standards éthiques d’une société de gestion qu’à n’importe quel autre critère.
- En Chine et en Inde, les investisseurs penchent pour des solutions de type « robo-advisors », tandis que le contact humain reste privilégié au Canada, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
- Transparence et cybersécurité figurent parmi les préoccupations principales des investisseurs.
- Un tiers des investisseurs estiment qu’il y a un risque élevé pour qu’une nouvelle crise financière survienne dans les trois ans à venir ; autour de la moitié d’entre eux n’ont pas confiance dans la capacité de leurs différentes sociétés de gestion à y faire face le cas échéant.
Les investisseurs attendent de leurs gestionnaires d’investissement un degré de transparence et d’exigence éthique plus élevé que jamais, et sont extrêmement attentifs au rendement : c’est ce que révèle une étude qui vient de paraître, réalisée par le CFA Institute, l’association mondiale des professionnels de l’investissement.
L’étude, intitulée From Trust to Loyalty : A Global Survey of What Investors Want (De la confiance à la fidélité : Étude sur les attentes des investisseurs au niveau mondial), fait suite à l’étude « Investor Trust Study » réalisée en 2013 par Edelman/CFA Institute. Elle sonde les opinions des investisseurs, tant institutionnels que particuliers, partout dans le monde. Les résultats révèlent que les investisseurs souhaitent une communication régulière et une grande transparence sur les frais, ainsi qu’un dialogue franc et direct sur les conflits d’intérêts. Le décalage le plus important entre les attentes des investisseurs et les prestations dont ils bénéficient concerne les frais et la performance. Les clients souhaitent que les frais prélevés par les sociétés de gestion soient à la fois conçus pour s’aligner sur leurs intérêts, correctement divulgués et en adéquation avec la qualité de la prestation fournie.
« La barre pour les professionnels de la gestion d’investissement n’a jamais été placée aussi haut » affirme Paul Smith, président-directeur général du CFA Institute. « Les investisseurs institutionnels et particuliers ont, comme toujours, des exigences de performance très fortes, mais tous souhaitent également très vivement une meilleure communication et davantage de conseils de la part de leur gestionnaire de fonds. Bâtir la confiance nécessite que les professionnels du secteur prouvent qu’ils sont prêts à s’engager pour le bien-être de leurs clients ; il ne suffit pas de formuler de vaines promesses de performance ou d’affirmer satisfaire à toutes les exigences de conformité. C’est en prenant des mesures concrètes que la profession de gestionnaire de portefeuille redorera son blason et gagnera en envergure, en ces temps où le public remet parfois en question sa valeur et sa pertinence. »
Parmi les conclusions principales de l’étude, on retient particulièrement les points suivants :
Éthique, transparence et performance restent au premier rang des préoccupations des investisseurs même si la confiance a progressé.
- Depuis 2013, la part des investisseurs particuliers confiants à l’égard du monde de la finance a augmenté, passant de 50 à 61%. On peut attribuer cette hausse pour moitié à l’augmentation de la confiance aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, et pour moitié à la hausse du niveau de confiance absolue dans des marchés qui n’étaient pas pris en compte dans le cadre de l’étude de 2013 (en particulier la Chine, l’Inde et Singapour). En France, 55% des investisseurs particuliers ont confiance en l’industrie des services financiers et 18% d’entre eux sont très confiants.
- Les investisseurs particuliers comme les investisseurs institutionnels estiment que les professionnels de la finance déçoivent dans les domaines des frais, de la transparence et de la performance. Pour les investisseurs particuliers, le plus important pour une société de gestion est avant tout de « divulguer dans le détail tous ses frais et tarifs » et « de proposer des mesures de sécurité très fiables ». Ces services sont ainsi classés devant la protection du portefeuille contre d’éventuelles pertes. Pour les investisseurs institutionnels, c’est « agir de façon éthique » puis « divulguer dans le détail tous les frais et tarifs » qui sont considérés comme les qualités les plus importantes d’une société de gestion.
- Les performances des sociétés de gestion n’en sont pas considérées comme moins importantes : 53% des investisseurs particuliers et 60% des investisseurs institutionnels citent « la sousperformance » de leur société de gestion comme la raison principale qui les conduirait à en changer. Suivent « l’augmentation des frais », « la violation des données / de confidentialité », et « la mauvaise communication / absence de réactivité ».
- 45% des investisseurs institutionnels et 43% des investisseurs particuliers se sépareraient de leur société de gestion si la sécurité de leurs données venait à être compromise, ce qui témoigne de l’importance de la cybersécurité dans les marchés actuels.
- L’étude montre qu’à partir du moment où une question ou un problème a amené l’investisseur à repenser sa relation avec son gestionnaire d’investissement, il est probable que la majorité des investisseurs (76% des investisseurs particuliers et 74% des institutionnels) se séparent de leur société de gestion dans les six mois.
« Une hausse de la confiance générale dans le secteur des services financiers est sans aucun doute un point très positif pour les professionnels de la finance », poursuit Paul Smith. « Cependant, le niveau de performance ne constitue plus le seul critère rédhibitoire pour les investisseurs, qui exigent toujours plus de clarté et de prestations de qualité et qui, avec l’avènement des ‘robo-advisors’, ont un choix d’options plus ouvert que jamais. De plus, si les professionnels de l’investissement ne font pas preuve de cette transparence de leur propre initiative, ils pourraient bien y être contraints par les régulateurs, que cela leur plaise ou non. »
Les investisseurs s’inquiètent de la situation des marchés mondiaux, et ne pensent pas que leurs sociétés de gestion soient correctement préparées.
- Les investisseurs font part de leur anxiété croissante quant à l’état de la finance mondiale. Près d’un tiers d’entre eux (33% des investisseurs particuliers et 29% des institutionnels) estime probable qu’une nouvelle crise financière éclate dans les trois ans à venir. Ces chiffres sont beaucoup plus élevés en Inde et en France, où cette opinion est partagée par respectivement 59 et 46% des investisseurs. De plus, la moitié seulement des investisseurs (52% des investisseurs particuliers et 49% des institutionnels) estiment que leurs sociétés de gestion sont « très bien préparées » ou « bien préparées » à gérer leur portefeuille en cas de crise.
L’étude révèle d’importantes disparités régionales dans les qualités attribuées aux professionnels de la finance par rapport aux robo-advisors.
- Une majorité d’investisseurs canadiens (81%), américains (73%) et britanniques (69%) estiment qu’ils continueront de privilégier les conseils d’un professionnel de l’investissement par rapport aux derniers outils techniques et technologiques d’ici trois ans.
- Cependant, une majorité d’investisseurs en Inde et en Chine (64 et 55% respectivement) et la moitié des investisseurs de Singapour estiment que l’accès aux derniers outils et plateformes technologiques constituera à l’avenir l’élément déterminant pour la bonne exécution de leur stratégie d’investissement. 68% des investisseurs en Inde et 56% des investisseurs en Chine considèrent qu’une marque inspire davantage confiance que des individus.
Selon Paul Smith, « Les résultats de cette année témoignent d’un décalage important entre les besoins des investisseurs des économies les plus développées et les besoins de ceux qui incarnent l’avenir du secteur de la finance mondiale ».
Le point à retenir pour les professionnels de la finance : les investisseurs attendent davantage que seulement des performances.
« Les exigences des investisseurs s’orientent clairement vers davantage de dynamisme », poursuit Paul Smith. « En plus d’assurer de bons rendements, les professionnels de l’investissement doivent également garantir la transparence en matière de frais et de stratégie, mettre leurs intérêts au diapason de ceux de leurs clients et assurer la protection des données quoi qu’il arrive. Les sociétés de gestion qui atteignent cet équilibre génèreront davantage de confiance auprès des investisseurs, ce qui stimulera la croissance. »
Le rapport et l'ensemble des résultats sont disponibles sur :
https://www.cfainstitute.org/learning/future/getinvolved/Pages/investor_trust_study.aspx
Comprendre l'économie durable pour s'y investir