D’après un sondage réalisé à l’échelle mondiale par Natixis Global Asset Management fin 2015, les investisseurs institutionnels soulignent qu’il est devenu difficile de trouver des solutions de diversification au sein des classes d’actifs traditionnelles.
« La corrélation entre actions et obligations est jugée trop élevée pour que ces actifs constituent des sources de performance distinctes par plus de la moitié (54 %) des investisseurs institutionnels interrogés, précisent les experts de Natixis Global AM. Le contexte de rendement faible reste la préoccupation majeure. La demande de solutions novatrices de gestion des risques de passif augmente considérablement dans un contexte d’accroissement de l’espérance de vie. Par ailleurs, la moitié des investisseurs interrogés croit au potentiel de génération d’alpha [surperformance par rapport au marché] des investissements ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance. »
Comment maximiser le couple rendement/risque
L’enquête révèle également que les institutionnels accordent une importance nouvelle aux actifs dits « alternatifs » au sein de leurs portefeuilles, afin de maximiser le couple rendement/risque. C’est leur priorité pour 2016. « Dans le marché actuel, l’allocation d’actifs traditionnelle est devenue un jeu à somme nulle », résume John Hailer, directeur distribution internationale et chief executive officer de Natixis Global AM (Amériques et Asie). Parallèlement aux actifs traditionnels de type actions et obligations, les investisseurs institutionnels s’orienteront vers une palette plus large d’actifs « non corrélés ».
Les deux tiers des responsables consultés pensent qu’une augmentation des allocations en actifs non corrélés (capital-investissement, dette privée, hedge funds…) représente un moyen « efficace » d’atténuer les risques. Près d’un sur deux (49 %) déclare qu’il est essentiel d’investir dans des titres alternatifs pour surperformer les marchés financiers. Nombre d’institutionnels se demandent comment ils vont financer leurs engagements dans un marché volatil à faible taux. 84 % déclarent que le contexte de taux d’intérêt et de rendements faibles constitue leur plus grande préoccupation en termes de gestion des risques, devant la recherche de performance (pour 82 % des institutions) et le financement des engagements à long terme (pour 72 % des établissements). 68 % des investisseurs institutionnels indiquent que la réalisation de leurs objectifs de croissance et la satisfaction des besoins de liquidité à court terme représentent un véritable challenge.
La gestion active reste prépondérante
Si beaucoup d’institutionnels ont davantage l’intention d’avoir recours à des stratégies de gestion passives pour certains segments de marché, alors que les coûts de gestion revêtent une importance d’autant plus grande que les rentabilités baissent, la plupart continuent à privilégier les stratégies de gestion active dans leur quête de rendement. « Actuellement, observent les experts de Natixis Global AM, 64 % des investissements des institutionnels sont gérés de manière active et 36 % le sont de manière passive. » La gestion active est génératrice d’alpha. Elle permet d’accéder aux classes d’actifs non corrélées et de tirer parti des mouvements de marché à court terme. 58 % des institutionnels déclarent que les investissements actifs font mieux, à long terme, que les placements passifs. 67 % des investisseurs consultés considèrent que les facteurs économiques, l’évolution des politiques monétaires et la volatilité des marchés favoriseront les gestions actives au cours de l’année.
Même si 73 % des institutionnels estiment disposer des outils leur permettant de gérer leurs engagements, 78 % des professionnels recherchent des solutions « plus innovantes », adaptées aux marchés actuels, en matière de gestion sous contrainte de passif, contre 60 % en 2014, ce qui représente une progression de 30 %. « Dans la mesure où la population vieillit et la longévité augmente, continue John Hailer, la sous-estimation des besoins de financement futurs constitue un risque majeur pour les investisseurs institutionnels. Ceux-ci expriment une demande croissante d’amélioration des produits leur permettant de mieux gérer leurs engagements à long terme. Toutefois, les résultats de notre enquête montrent que l’innovation en matière de gestion sous contrainte de passif n’est pas au niveau des exigences. »
Michel Lemosof
L’avis de la rédaction
Pour se diversifier, chacun a sa méthode. Les uns estiment qu’il faut avoir 50 % d’obligations et 50 % d’actions. Les autres pensent qu’il faut non seulement posséder des actifs sans risque en capital (monétaire) ou sans risque de défaut (dette souveraine), des emprunts privés, des obligations convertibles et des actions, mais également détenir des positions en gestion alternative, en private equity ou en actifs réels (immobilier, infrastructures). D’autres encore s’appliquent à diversifier les risques en faisant évoluer leurs stratégies en fonction des périodes, pondérant les types d’actifs, les zones géographiques, les secteurs d’activité et les devises, notamment, en fonction de leurs anticipations. Comme il s’agit de long terme, seul le temps dira, a posteriori, quelle méthode il convenait d’adopter ! Quoi qu’il en soit, un horizon de placement éloigné permet d’incorporer dans un portefeuille des actifs qui peuvent être frappés d’illiquidité.
Un institutionnel sur deux considère que la prise en compte des critères ESG constitue une source potentielle de performance. 51 % des institutionnels interrogés déclarent que les évaluations ESG permettent de limiter les risques. Sur les 95 % qui les utilisent, 41 % le font toutefois principalement par obligation, dans le cadre d’un mandat. Parmi les conclusions de l’enquête, nous retenons aussi que les moyens que mettent en œuvre les investisseurs institutionnels ne correspondent généralement pas à leurs exigences de rentabilité. Cela dit, l’absence d’inflation permet de supporter plus facilement le tassement des rémunérations obligataires et des moindres progressions attendues des indices actions.
Le sondage de Global Institutional Investor de Natixis Global AM se réfère aux réponses de 660 investisseurs institutionnels (fonds de pension privés, publics et d’Etat, fonds souverains, compagnies d’assurance, fonds de dotation, fondations) dans 29 pays et gérant ensemble l’équivalent de 35 milliards d’euros. S’il est significatif dans l’absolu, un tel montant paraît bien faible par rapport aux seuls encours de Natixis Global AM (775 milliards d’euros).