Le responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique chez Pictet, Christophe Donay, estime que la visibilité s’améliorera dès lors que trois obstacles seront franchis. En premier lieu, il faudrait un accord sur ce qu’il est convenu d’appeler la « falaise fiscale » aux Etats-Unis. Ensuite, il faudrait un accord sur la réévaluation du plafond de la dette américaine. Enfin, il faudrait que la crise européenne, « qui pollue le fonctionnement de l’économie mondiale et celui des marchés financiers, reste en quarantaine ». Cette crise européenne se traduirait par une décote des actions de l’ordre de 15 %.
Après quatre années de marasme, de bonnes nouvelles pourraient venir d’outre-Atlantique : « L’excès de dette privée, qui a été résorbé, pourrait y reprendre le relais de la dette de l’Etat. On entre dans une nouvelle phase du cycle du crédit, dont on attend la confirmation du démarrage. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de croissance pérenne sans un fort cycle de crédit, fait observer le professionnel. La reprise du crédit est la racine de notre scénario central. »
Remodelage obligataire
Avec la crise des subprimes, qui a éclaté en 2007, 12.000 milliards de dollars de patrimoine financier des ménages américains ont été détruits. La situation s’est corrigée depuis. Mais, du côté de l’immobilier, ce ne sont pas moins de 7.000 milliards de dollars qui se sont évaporés. Un nouveau cycle du crédit hypothécaire ne pourrait donc avoir qu’un effet bénéfique. L’objectif de la Réserve fédérale de poursuite de la réduction du chômage constitue également un élément crucial pour la santé de l’économie des Etats-Unis. La Banque centrale américaine semble aussi déterminée à favoriser la croissance nominale du PIB, la cible d’inflation étant passée de mode. « Les économies matures créent de l’emploi, précise Christophe Donay, quand la croissance est supérieure à 2%. »
En ce qui concerne les choix d’allocation d’actifs, alors que la qualité des dettes souveraines américaine et allemande s’est détériorée et que le crédit investment grade a beaucoup perdu de son attrait, Pictet se tourne vers la dette (souveraine et corporate) des pays périphériques de la zone euro, comme l’Espagne – où le 10-ans est à 5,5 % –, et des pays émergents (corporate). En revanche, pour ses responsables, il paraît prématuré d’augmenter la pondération des actions dans les portefeuilles, bien que celles-ci disposent d’un potentiel haussier d’une vingtaine de pourcent. Une manière d’illustrer la prudence de l’établissement genevois…
Michel Lemosof
Notre analyse et les produits que nous avons sélectionnés sont à découvrir dans le numéro 240 du Bas de laine d'Esteval, à paraître le 21 décembre.
A suivre également, "Lancement d’un fonds prometteur chez Pictet" dans le prochain numéro de Fréquences Boursières.
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