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« Retrouver le goût du risque grâce au repli de la volatilité »

Par Michaël Levy, Associé - Gérant de FLEX 360- Responsable de la multigestion chez 360 AM.

Les investisseurs ont tout intérêt à profiter à la fois de la baisse de l’aversion à l’égard du risque et du retard dans le rattrapage des marchés d’actions européens pour amorcer des expositions plus agressives. Soit en se positionnant plus massivement sur certaines actions tout en se couvrant via des puts indiciels de moindre coût, soit en privilégiant directement les calls sur actions.

De tous les changements induits sur les marchés par le plan de rachat potentiellement illimité de dettes publiques décidé par la BCE cet été, la modification du régime de volatilité n’est pas le moindre. La volatilité implicite à 3 mois de l’indice EuroStoxx50, qui reflète le risque anticipé par les investisseurs à l’égard de la référence européenne, est tombée sous la barre des 20%. Un niveau d’une faiblesse inédite depuis le début de la crise. Même le newsflow en provenance de la Grèce n’exerce plus d’influence déterminante sur la perception du risque par les investisseurs. Résultat, l’écart de volatilité implicite s’est fortement réduit vis-à-vis des marchés d’actions américains, qui souffrent à leur tour de l’aggravation des inquiétudes budgétaires de l’autre côté de l’Atlantique et du redoutable spectre du « Fiscal Cliff ».

Ce sentiment positif est également perceptible sur les autres classes d’actifs, comme en témoigne le rétrécissement des écarts de rendement sur les marchés de crédit ou sur les emprunts d’Etat périphériques (les rendements espagnols et italiens à 10 ans ont chuté de presque deux points en quelques mois et s’échangent à des niveaux respectifs de 5,2% et 4,4%). Même constat pour l’euro, dont le renchérissement au-delà de 1,30 dollar reflète la sérénité retrouvée à l’égard des actifs européens.

Les investisseurs auraient retrouvé le goût du risque ? Si la plupart des indicateurs de marché montrent un recul du risque systémique et un apaisement généralisé des conditions de marché, un indicateur reste encore dissonant. Ce sont les rendements des Etats européens dits « core », dont le niveau historiquement bas (entre 1,4% en Allemagne à 2% en France) indique que ce regain de confiance reste mesuré et que les investisseurs n’ont pas initié de mouvement massif de réexposition vers les actifs risqués. En cause : la crainte que la brutalité des plans d’austérité n’obère la capacité de la zone à sortir de son environnement récessif et à retrouver une trajectoire de croissance durable.

A l’heure où les investisseurs regorgent de liquidités, cette configuration de marché constitue une opportunité bien réelle, pour les investisseurs. D’un côté, en effet, les marchés d’actions européens oscillent autour de ratios de valorisation significativement inférieurs à leur tendance longue. Une situation d’autant plus paradoxale qu’un grand nombre de groupes cotés ont réduit leur sensibilité à l’égard de la conjoncture européenne, grâce à des investissements massifs en direction des marchés émergents ou à la mise en place de moteurs de croissance autonomes. De l’autre côté, ces niveaux de volatilité implicite très bas réduisent d’autant le prix des produits optionnels. D’où une configuration de marché exceptionnelle, où les actions et les protections sont simultanément bon marché.

L’idée, pour les investisseurs ? Profiter à la fois de la baisse de l’aversion à l’égard du risque et du retard dans le rattrapage des marchés d’actions pour amorcer des expositions plus agressives. Deux possibilités s’offrent à eux pour se réexposer. Soit ils se positionnent sur des valeurs offrant des rendements élevés en se protégeant contre les risques politiques et sociaux via des puts indiciels loin de la monnaie. Soit, pour les convictions les plus fortes, en se positionnant directement sur des calls sur actions. Dans tous les cas, le momentum de marché a rarement été aussi opportun.

 

 

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