Les entreprises n'ont aucune visibilité sur les risques climatiques dans la moitié de leurs chaînes d'approvisionnement, d'après la plus importante étude mondiales en la matière
À la suite de l'accord international historique conclu lors de la COP21, la conférence sur le climat organisée par les Nations Unies, et des informations provenant de Davos indiquant que le changement climatique est le risque le plus impactant à l'échelle de la planète[1], des entreprises de premier plan telles que Royal Philips, Endesa, Pirelli, Nokia, BMW déterminent dans quelle mesure la régulation climatique imminente aura un impact sur leur activité. Cependant, la moitié de leurs principaux fournisseurs ne répondent pas aux demandes d'informations climatiques, gênant les efforts entrepris pour comprendre et gérer le risque climatique. Il s'agit du constat de la plus importante étude jamais menée sur les données climatiques provenant de fournisseurs et de leurs entreprises clientes, produite par CDP et rédigée en partenariat avec BSR.
L'accord conclu lors de la COP21 de Paris exige une réduction des gaz à effet de serre à l'échelle mondiale (GHG) à une valeur nette nulle bien avant la fin du siècle. Les chaînes d'approvisionnement émettant jusqu'à 4 fois plus de GHG que les opérations directes d'une entreprise[2], elles constituent un risque réglementaire considérable mais représentent également pour les entreprises une excellente occasion de réduire leurs émissions.
Pour cette raison, 75 multinationales représentant plus de €1 850 milliards d'achats travaillent avec CDP - le fournisseur de la plateforme de communication environnementale mondiale - afin de rechercher les données provenant de 7 879 fournisseurs principaux sur les émissions de carbone et leurs stratégies concernant le risque climatique. Des informations ont été reçues de la part de 4 005 fournisseurs, ce qui signifie que 49 % n'ont pas répondu aux demandes de leurs clients, créant un manque de visibilité significatif pour ceux qui préparent un monde économe en carbone.
Paul Simpson, directeur général de CDP, a déclaré: « La science et la politique n'ont jamais été aussi claires. Les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer pour atteindre une valeur nette nulle aussi rapidement que possible dans la seconde moitié du siècle. Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans la mise en œuvre de l'accord de Paris. Celles qui ne peuvent pas le faire risquent d'être les perdantes de cette transition inéluctable. »
L'analyse des fournisseurs qui ont communiqué démontre l'échelle de risques à laquelle les entreprises sont désormais confrontées : quasiment les trois quarts (72 %) déclarent que le changement climatique présente des risques pouvant impacter significativement leurs opérations commerciales, leurs recettes ou leurs dépenses. La majorité (64 %) des fournisseurs ont spécifiquement identifié la régulation climatique comme un risque, ses conséquences les plus couramment citées étant les taxes sur les carburants, l'énergie et le carbone.
Malgré la prise de conscience du risque lié au climat, moins de la moitié (45 %) des fournisseurs participants se sont fixé pour objectif de réduire leurs émissions et seulement un tiers (34 %) ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre au cours de la dernière année de référence.
Parmi les régions du monde l'Europe montre une leadership dans un certain nombre de domaines critiques, notamment la proportion de fournisseurs avec des objectifs de réductions d'émissions (54%), suivie de près par la Chine (51%). L'Europe compte aussi le nombre plus haut de fournisseurs ayant fourni des données sur les émissions (81%), devant les USA (73%) et le reste du monde, ce qui suggère que les entreprises européennes sont les mieux placés pour devenir les fournisseurs d'un avenir a’ faible intensité’ de carbone.
La majorité (55%) des fournisseurs identifiés comme les plus performants dans le climat et faisant partie de la A list des fournisseurs du CDP sont aussi européen, avec l'Espagne en première position suivie par l'Allemagne et la Suisse.
Aron Cramer, PDG de BSR, a indiqué : « Tandis que nous nous efforçons de catalyser le leadership commercial pour un monde respectueux du climat, BSR est fière d'avoir coopéré avec CDP pour développer ce rapport. La collaboration entre les entreprises et leurs fournisseurs est essentielle afin de comprendre les risques et les opportunités liés au climat. Elle est également fondamentale pour construire des chaînes d'approvisionnement inclusives, résilientes et transparentes à l'échelle mondiale. Nous sommes convaincus qu'une excellente opportunité peut être saisie si les millions de fournisseurs qui ne rendent pas encore compte suivent l'exemple de ceux qui le font. Élargir le cercle des rapporteurs permettra de diffuser le message plus loin, plus largement et de manière plus approfondie, avec une action décisive en faveur de l'activité, du climat et de la santé publique. »
Le nouveau rapport - qui comprend des commentaires de la part de McKinsey & Company - indique que les émissions de carbone et la gestion du climat sont de plus en plus intégrées dans les décisions d'acquisitions et bouleversent les modèles d'activité établis, basés sur les fournisseurs. L'Oréal, par exemple, travaille avec CDP pour créer des bilans climatiques destinés aux fournisseurs, facilement compréhensibles dans le service achats. The Coca-Cola Company et LEGO Group expérimentent des incitations et des formations pour les fournisseurs qui améliorent leurs performances climatiques et génèrent une valeur partagée.
Les performances climatiques des fournisseurs qui communiquent auprès de CDP s'améliorent avec le temps. Ceux qui ont participé au programme CDP de chaîne d'approvisionnement au moins lors des trois dernières années font preuve d'une approche plus robuste vis-à-vis de la gestion du climat que ceux qui communiquent pour la première fois. Par exemple, environ les trois quarts des 1 850 participants assidus disposent de procédures de gestion du risque climatique en place et réduisent activement leurs émissions. Moins de la moitié des 1 258 primo-divulgateurs peuvent indiquer ces avantages, démontrant clairement que la mesure et la communication conduisent à une meilleure gestion.
Les divulgateurs réguliers obtiennent également de meilleurs avantages financiers. Les participants assidus obtiennent en moyenne €1,38 million d'économies annuelles pour chaque projet de réduction des émissions de carbone, contre des économies annuelles moyennes de €830 000 par initiative pour les primo-divulgateurs.
Le rapport indique ensuite de quelles façons les organisations acheteuses peuvent améliorer les performances climatiques et la gestion des risques des fournisseurs. Les solutions décrites sont évolutives et CDP a vu la participation du gouvernement fédéral américain à son programme, car les administrations nationales cherchent à améliorer leurs propres chaînes d'approvisionnement.
Pour permettre aux multinationales de comparer leurs performances et de conduire des améliorations, CDP évaluera cette année les entreprises sur la gestion du carbone et du changement climatique dans leurs chaînes d'approvisionnement, les résultats devant être publiés dans le rapport de 2017 sur les chaînes d'approvisionnement.
https://www.cdp.net/en-US/Pages/HomePage.aspx
Comprendre l'économie durable pour s'y investir