Selon les stratégistes de Russell Investments, la croissance du PIB devrait s’établir entre 1,5 et 2% en zone euro et entre 2 à 2,5% aux États-Unis. Ils estiment en revanche que la dégradation de la conjoncture des pays émergents devrait se poursuivre en raison de la faiblesse des prix des matières premières, de la vigueur du dollar US et de la médiocrité des performances en matière d’exportations.
« Si les cycles économiques et financiers arrivent à maturité, la bonne nouvelle est que nous ne prévoyons pas de récession à l'horizon, affirme Alain Zeitouni, directeur des gestions chez Russell Investments. Le potentiel de hausse relativement limité de la rentabilité des placements constitue une plus mauvaise nouvelle pour 2016. Nous estimons que les investisseurs ‘espérant le meilleur, mais se préparant au pire’, dont la structure de gouvernance permettra une certaine habilité tactique, sortiront gagnants de 2016. »
Pour 2016, les stratégistes privilégient le scénario d’une performance des actions mondiales certes positive mais inférieure à 5%. Tirée par l'Europe et le Japon, cette dernière devrait toutefois s’avérer légèrement supérieure aux rendements des liquidités et des titres à revenu fixe. Ces prévisions reposent sur l’hypothèse d’un renchérissement progressif des taux d'intérêt à long terme, la Fed relevant les taux des fonds fédéraux à 1,25%, voire à 1,5% d’ici fin 2016. Les stratégistes estiment que les profits générés par les entreprises et le repli attendu du taux de chômage à 4,5% (ou moins) d’ici fin 2016 sont susceptibles d’accentuer la progression des actions américaines. Dans un tel scénario, les tensions haussières sur les salaires pourraient finir par peser sur les marges des entreprises.
Les stratégistes ne relèveront pas leur exposition aux pays émergents tant qu’il n’apparaîtra pas que la conjoncture chinoise ne se dégrade plus, que les exportations mondiales reprennent et que les devises et les taux d’intérêt des pays émergents se seront ajustés au resserrement attendu de la politique monétaire américaine.
Selon Alain Zeitouni : « 2016 devrait être une année de modération : modération de la croissance, modération de la Fed et modération du rendement des actifs. Une dégradation de la conjoncture américaine et une contagion du ralentissement des pays émergents aux économies développées constituent les principaux risques pesant sur ce scénario. A l’inverse, une progression trop soutenue de l’activité ferait craindre une résurgence de l’inflation et un durcissement plus marqué de la politique monétaire de la Fed. Les investisseurs devront se montrer particulièrement attentifs à l’évolution de l’emploi non agricole et à la hausse des bénéfices par action au sein du S&P 500®. Ils devront également vérifier que les exportations des pays émergents ont bien arrêté de se contracter. »
Les perspectives pour 2016 présentées par l’équipe de stratégistes Russell Investments s’appuient sur un processus clairement défini axé sur le cycle économique, la valorisation et la confiance. Dans leurs prévisions pour 2016, ils arbitrent d’une part entre les valorisations et l’amélioration attendue de la conjoncture, et tiennent compte d’autre part du basculement de l’indicateur de surachat en position de survente.
De fait, ils résument les perspectives mondiales du marché de la manière suivante :
Cycle économique : perspectives globalement positives pour les pays développés et neutres pour l’Asie
La croissance américaine devrait encore rester historiquement soutenue en 2016 avec, en moyenne sur l’ensemble de l’exercice, des créations d’emplois non agricoles de 190 000 postes par mois et une progression mensuelle du salaire horaire moyen de 2,5% susceptibles de relancer l'inflation. En zone euro, les perspectives conjoncturelles sont favorables avec un PIB qui devrait progresser au même rythme qu’en 2015, une croissance robuste des bénéfices des sociétés comprise entre 4 et 8%, et des mesures de relance budgétaire et monétaire. En région Asie-Pacifique, la reprise attendue au Japon n’est toujours pas confirmée par les chiffres. Il en est d’ailleurs de même pour la récession redoutée en Chine et en Australie. Dans ce contexte terne, la croissance indienne devrait rester solide tandis que celle de la Nouvelle-Zélande sera faible.
Valorisations : les titres boursiers sont chers aux Etats-Unis; correctement valorisés en Europe, et bon marché au JaponSelon nos stratégistes, les actions américaines sont les plus chères des principaux pays développés. Si elles paraissent bon marché par rapport à ces dernières, les titres boursiers de la zone euro semblent correctement valorisés dans l’absolu. Concernant les obligations d’État, nous sommes revenus à une position neutre à l’égard des obligations pays core de la zone euro au cours du troisième trimestre 2015. Les titres des pays de la périphérie s’inscrivent aujourd’hui dans le même mouvement. Les actions de la région Asie-Pacifique semblent correctement valorisées. Nous privilégierons le marché japonais tant qu’il sera soutenu par une croissance satisfaisante des profits des entreprises, un contexte politique favorable, la baisse des prix du pétrole et du gaz, ainsi que par un yen déprécié. Les excès de valorisation observés mi-2015 sur les actions chinoises « A » ont été en grande partie corrigés. Si ces dernières bénéficient de perspectives favorables en matière de croissance sur le long terme, elles sont exposées au risque sur l’endettement. En Australie, les valorisations ne sont pas aussi attrayantes qu’elles ne le paraissent, la décote étant faible sur les ratios cours/bénéfices à l’échelle de l’ensemble du marché et les profits ne progressant que modestement alors les taux de distribution des dividendes sont tendus.
Confiance : légèrement favorable aux Etats-Unis et à la zone euro, mais neutre en Asie
Se rapprochant de la zone de neutralité, la confiance n’est plus que légèrement favorable aux actions américaines. Depuis la vente massive d’août 2015, nos indicateurs de contre-tendance ne témoignent toutefois plus de survente à court et moyen terme. Si la dynamique reste neutre concernant la zone euro, globalement, les indicateurs de contre-tendance pour la région se maintiennent en territoire légèrement positif. En dépit du potentiel de hausse qu’ils laissent entrevoir sur les indices boursiers de la région, notamment japonais, les indicateurs de confiance restent neutres pour l’Asie-Pacifique.
Mise à jour des expositions par régions
Nos stratégistes ont par ailleurs actualisé leurs prévisions de 2015 sur les différentes régions du monde et classes d'actifs de la manière suivante :
- Asie-Pacifique : l'équipe estime que la dynamique des marchés boursiers de la région est faible, avec des niveaux de valorisations toutefois corrects. Les marchés obligataires demeurent quant à eux vulnérables. Pour l’ensemble de 2016, ils anticipent une progression des bourses d’Asie-Pacifique inférieure à 10%.
- Etats-Unis : les stratégistes continuent de légèrement sous-pondérer les actions américaines dans leurs portefeuilles mondiaux. Au regard de la croissance des résultats des entreprises, ils anticipent une progression de ces dernières comprise entre 0% et 5% sur l’ensemble de 2016. La volatilité des actions et des taux américains devrait rester quelque peu élevée jusqu’en mars, le temps qu’une partie du voile soit levée sur le rythme du resserrement monétaire de la Fed.
- Zone euro : l'équipe surpondère toujours les actions de la zone euro, mais a elle abaissé sa recommandation à neutre sur les obligations des pays de la périphérie. Rappelons qu’elle avait déjà adopté une position neutre à l’égard des obligations des pays core de la zone euro.
- Devises : en moyenne pondérée en fonction des échanges, l'équipe estime à 5% le potentiel d’appréciation du dollar américain contre les devises des autres pays développés et à 10% celui face aux devises des pays émergents. Après plusieurs années de surperformance des devises émergentes, la vigueur du dollar devrait atteindre son paroxysme en 2016.
- Crédit : nos stratégistes estiment que le marché du crédit aux entreprises restera contraint par la progression des niveaux d'endettement et par la faible croissance des résultats. La qualité des bilans se dégrade en raison de la montée de la dette faisant suite aux rachats d’actions et du ralentissement des croissances bénéficiaires. Sauf dans le secteur de l'énergie, le taux de défaut restera toutefois faible tout au long de 2016. Si les rendements devraient être positifs en 2016, ils présentent un potentiel de hausse limité.
« Le contexte de faible rendement est donc appelé à s’imposer en 2016 affirme Alain Zeitouni. Il est possible que les marchés créent la surprise en affichant des rendements élevés, mais ce ne serait qu’une embellie temporaire à ce stade avancé du cycle. Deux facteurs de réussite joueront dans un tel contexte : l’accès à un vaste éventail de possibilités de placements et la rigueur du processus d’investissement qui assurera la répartition active des actifs. »
Consultez les « Perspectives mondiales annuelles pour 2016 » en version anglaise
http://www.russell.com/documents/insights-research/2016-annual-global-market-outlook.pdf
Comprendre l'économie durable pour s'y investir