Par Matt Christensen, Directeur de l’investissement responsable d’AXA IM
Depuis notre premier mandat incorporant des critères ESG en 1997, nous avons vu nos clients porter une plus grande attention à une vaste gamme de sujets touchant à l’IR. En 2016, nous devrions constater une progression concrète et graduelle de l’IR qui évoluera d’un investissement de niche à un investissement essentiel. Nous abordons ci-après les thèmes et questions que nous considérons comme étant cruciaux pour les investisseurs dans cet univers pour l’année à venir et qui sont essentiellement dominés par le changement climatique et son impact.
La COP21 a été un succès et accélérera la transition vers une économie à faibles émissions de carbone
L’« Accord de Paris » sur le changement climatique, conclu lors de la COP21, envoie un message clair aux sociétés dans les secteurs des services et de l’énergie, du transport, du bâtiment et de l’industrie sur la nécessité d’agir dès à présent pour un changement immédiat Ce message reflète clairement une prise de conscience mondiale des risques à long terme du changement climatique sur l’environnement et nos économies.
Nous pensons que les investisseurs continueront à se positionner sur les opportunités d’investissement liés au changement climatique ainsi que sur les implications en termes de gouvernance.
Selon nous, les trois sujets suivants auront une importance grandissante dans la prise de décision des investisseurs :
1/ Evolution des secteurs à fortes émissions de carbone – alors que ceci pourrait avoir un impact sur les cours ou l’allocation d’actifs à long terme, nous pensons que les analystes et les investisseurs intégreront le changement climatique dans leur recherche et leurs analyses fondamentales pour évaluer comment les sociétés décident de répondre à l’évolution de l’environnement.
2/ Identification d’opportunités pour financer la transition vers une économie à faibles émissions de carbone - les investisseurs privés et publics seront des sources essentielles de capital pour l’investissement dans de nouvelles technologies qui promeuvent l’efficience énergétique ou offrent de nouvelles sources d’énergie. Sur la base d’une consommation énergétique identique, les investissements seront destinés soit à réduire l’intensité en carbone des sources d’énergie actuelles, soit à remplacer cette demande par de nouvelles sources. Les opportunités sont abondantes et diverses et toucheront de nombreux secteurs, régions et classes d’actifs différents.
3/ Engagement et standards de gouvernance renforcés - le Conseil de Stabilité Financière invitera les sociétés à publier leurs risques liés au climat, ce qui améliorera la transparence pour les investisseurs et en retour, renforcera l’analyse fondamentale et rendra plus robustes l’analyse et le score ESG.
Accélération du désinvestissement en 2016... et de l’engagement avec les sociétés
En 2015, nous avons assisté au désinvestissement de secteurs à plus fortes émissions de carbone de la part d’importants investisseurs et nous pensons que ce mouvement prendra de l’ampleur en 2016. Pour l’instant, plus de 500 institutions ont procédé à des désinvestissements représentant près de 3 400 Mds (Fossil Free, 2015).
Le désinvestissement du charbon en tant que stratégie pour combattre le changement climatique est une solution controversée ; en effet demander à des sociétés qui sont des acteurs à 100% du cycle du charbon, sans sources alternatives de revenus, de passer à des technologies plus propres peut s’avérer presque impossible. Néanmoins, nous croyons qu’un bon mix de désinvestissement et d’engagement devrait se solder par des résultats plus positifs pour l’environnement. Pour les sociétés liées au charbon qui restent dans les portefeuilles d’investissement, l’analyse ESG fondamentale peut suivre les actions que ces sociétés prennent pour promouvoir l’efficience énergétique. L’engagement permettra aux investisseurs d’avoir une meilleure idée des progrès effectués par ces sociétés vers l’adoption de technologies plus propres et d’un modèle économique plus respectueux de l’environnement.
L’émission d’obligations vertes augmentera et renforcera le besoin d’une plus grande sélectivité
2015 a été la 4ème année record consécutive pour l’émission d’obligations vertes. Le marché pèse désormais 100 Mds$ (Bank of America Merrill Lynch, décembre 2015), en ligne avec nos attentes de début d’année. Avec l’émission croissante d’obligations vertes par le secteur privé, nous avons vu émerger une nouvelle tendance au cours de l’année. Les sociétés sont maintenant les premiers émetteurs d’obligations vertes et représentent environ 45% du total pour 2015 (Bank of America Merrill Lynch, décembre 2015). Jusqu’à présent, le marché était dominé par les émetteurs et agences supranationaux.
Le rythme d’émission s’est accéléré au quatrième trimestre de l’année, en partie grâce à la COP21, mais également en raison du développement de standards volontaires d’émission d’obligations vertes en provenance d’Inde et de Chine. Pour le moment, le secteur financier est le premier acteur du secteur privé dans ce domaine, devançant les producteurs d’électricité qui entrent sur le marché pour refinancer leurs actifs renouvelables. Ces émissions témoignent de la volonté du secteur financier de participer activement à la transition vers une économie écoresponsable.
Nous pensons que la demande des investisseurs pour des obligations vertes se maintiendra, y compris une hausse de l’émission par des entreprises, essentiellement via des véhicules obligataires libellés en euros et en dollars américains. Ceci inclut autant les investisseurs responsables que les investisseurs plus traditionnels attirés par la classe d’actifs et la promesse d’une prime de rendement supplémentaire, d’une diversification accrue et d’impacts favorables sur l’environnement. Comme le montre l’émission d’une obligation verte par Schneider sur le marché français l’an dernier, on remarque une augmentation du volume de placements privés. AXA IM a été l’un des principaux partenaires dans la réalisation de cet accord et a alloué près de 80% de l’émission. Avec l’expansion du marché de l’investissement vert, il nous parait essentiel d’avoir une approche d’investissement très sélective.
AXA IM poursuit son soutien au marché des obligations vertes. Nous croyons que les investissements verts comme les obligations vertes sont un moyen essentiel à la disposition des gestionnaires d’actifs pour aider leurs clients à passer vers une économie à faibles émissions de carbone. Andrea Rossi, CEO d’AXA IM, a récemment rappelé notre position active sur la question en signant la Déclaration de Paris sur les obligations vertes lors de la COP21.
Le fonds AXA WF Planet Bonds bénéficie de notre processus de sélection obligataire internationale ainsi que de son alignement avec l’analyse et les critères internes de filtrage ESG d’AXA IM destinés, d’une part, à identifier les opportunités d’investissement dont nous pensons qu’elles auront un impact tangible sur l’environnement et, d’autre part, à éviter l’éco-blanchiment.
Le traitement des questions environnementales prendra une grande importance lors des AGA
Alors qu’en 2015 des discussions liées au changement climatique ont eu lieu au sein des conseils d’administration à l’initiative d’investisseurs, nous pensons qu’en 2016 ces questions seront en tête des ordres du jour des Assemblées Générales Annuelles (AGA) pour que les actionnaires puissent donner aux conseils d’administration une direction claire en la matière.
Il devient en effet de plus en plus difficile pour les sociétés de répondre aux enjeux du changement climatique et aux risques qu’il pose. Cela signifie aussi qu’une meilleure communication sur les risques liés au changement climatique sera une priorité en 2016. C’est pourquoi AXA IM a rejoint un réseau d’investisseurs pour déposer des résolutions lors d’AGA afin de demander à de nombreuses sociétés de meilleures communications relatives aux risques liés au changement climatique. Les conseils d’administration des sociétés devront présenter aux investisseurs leurs plans d’action pour un environnement à faibles émissions de carbone.
L’« impact investing » deviendra une tendance lourde de l’IR
L’IR est aujourd’hui une tendance lourde du secteur de la gestion d’actifs et la demande a fortement augmenté au cours des 20 dernières années. La prochaine phase de l’IR sera l’incorporation de « l’Impact ». Nous voyons cet « Impact » comme une vague : il a d’abord débuté par des investissements alternatifs, puis se développera sur toutes les classes d’actifs, y compris les titres cotés et les fonds publics. A terme, nous pensons que la culture de la mesure de « l’Impact » s’inscrira dans l’ADN du secteur financier.
Si l’on examine l’« Impact investing » à l’heure actuelle, alors que le marché en est à ses prémices, il est prévu qu’il augmente à 500 Mds€ d’ici 2019, soit environ 1% des actifs mondiaux (Monitor Institute, janvier 2009), ce qui est juste un exemple de l’immense potentiel de l’IR dans son ensemble.
Chez AXA IM, nous croyons que l’IR consiste en une série de facteurs qui forgeront l’avenir. De tels facteurs sont une source de risques mais peuvent aussi créer des opportunités. Les capacités IR d’AXA IM et sa plateforme permettent l’inclusion de la recherche ESG à toutes les classes d’actifs en permettant aux clients de choisir le niveau d’intégration ESG correspondant le mieux à leurs objectifs. Parallèlement à l’intégration de facteurs ESG, AXA IM offre un IR fondamental spécifique, des fonds obligataires verts et « d’Impact », des solutions IR et des services de conseil.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir