1/ Regard sur les marchés
L’année 2015 s’était ouverte sur l’espoir d’un bonus de croissance permis par la baisse du prix des matières premières… et se clôture malheureusement avec un regain d’incertitude et de nervosité largement provoqué par l’effondrement du prix du pétrole et des matières premières (-35% sur l’année pour le Brent et -25% sur l’indice CRB…), la résurgence des inquiétudes sur la Chine et l’érosion du niveau de l’activité mondiale. Foin d’illusions, les marchés affrontent en ce début d’année des perspectives bien ternes, avec des banques centrales toujours aux commandes mais dont les politiques monétaires sont de fait devenues divergentes de part et d’autre de l’Atlantique, ce qui accroit le stress ambiant.
En termes macro-économiques, rien de très neuf si ce n’est que se confirme l’infléchissement de la croissance mondiale ; la zone euro renoue avec unecroissance modeste, portée par le triptyque baisse dupétrole, de l’euro et des taux d’intérêt, la croissanceaméricaine reste en deçà de sa moyenne de long termemalgré un marché immobilier et une situation de l’emploi bien orientés, et un consommateur qui contribuefortement. Le Japon ne réussit pas à atteindre sesobjectifs de sortie de déflation tandis que les émergentsrestent pénalisés par la faiblesse de la demandeet des termes de l’échange impactés par les mouvementsde devises.
Les indices boursiers de la zone euro terminent l’année sur une progression voisine de 10%, le Royaume Uni sous-performe en raison de sa structure sectorielle, les valeurs minières et de l’énergie, très représentées, figurant parmi les plus mauvais élèves de la cote. Outre-Atlantique, les indices boursiers achèvent 2015 sans grande tendance. Au final les performances boursières 2015 sont plutôt cohérentes avec l’évolution des bénéfices par zone.
Sur le front des devises, l’appréciation du Dollar US, tendance de fond de 2015 bien que non linéaire, reflète les divergences de politique monétaire et nous gageons que les anticipations sur l’évolution des devises resteront en 2016 un facteur déterminant dans les écarts de performance des marchés d’actions, les flux des grands allocataires se portant naturellement sur les zones (Euro/Japon) où les impacts comptables des variations de change sur les résultats des entreprises sont attendus en amélioration.
Enfin, à l’exception notable d’un violent accident sur les taux européens mi-avril (1% d’amplitude sur le Bund !), la trajectoire des taux longs gouvernementaux de référence, américain et allemand, s’avère au final sans tendance claire malgré les annonces de la BCE et la remontée des taux directeurs de la Fed. Les taux à 10 ans terminent ainsi l’année sur des niveaux identiques ou proches de ceux observés fin 2014 (0,50% stable sur le Bund et 2,30% versus 2% sur le Bond), sans que jamais leur caractère protecteur ne soit probant dans les phases de stress de marché en 2015 !
Au-delà de la visibilité sur les thèmes fondamentaux de ce début 2016 (Chine, pétrole, rythme d’ajustement de la Fed, flux de capitaux autour des pays émergents, impact devises…), les facteurs techniques des marchés (volatilité, forte corrélation des actifs et liquidité abondante rémunérée à taux négatif…) devraient continuer à rendre très complexe notre métier d’allocataire cette année ! Après avoir abordé les deux grands rendez-vousbanques centrales de décembre avec un budget de risquesensiblement réduit, nous profitons de niveaux jugésattractifs pour accroître nos positions risquées, via lesactions européennes notamment. Ce redéploiement doitnéanmoins s’appréhender de manière tactique, car noussommes convaincus que la flexibilité restera déterminante. Nous vous souhaitons donc discernement, patience, sagesse et rigueur face à ces enjeux 2016 difficiles !
2/ Scénario économique
Dans leur ensemble les économistes voient l’année 2016 comme une année moyenne, sans rupture, etsans aucune pression inflationniste. L’année 2015,a été plutôt décevante. Si en moyenne annuelle lacroissance mondiale est restée à peine au-dessousde la tendance passée, l’année s’est déroulée en deuxtemps. Les anticipations étaient favorables dans lapremière partie de l’année. Elles se sont assez nettementdétériorées au cours de l’été, alors que se développaitla crainte d’un arrêt brutal de la croissancechinoise et un stress violent sur les marchés boursiers. Cette crainte s’est finalement avérée injustifiée. Bien au contraire l’activité en Chine a plutôt repris. L’activité s’est en revanche fortement contractée en Russie et au Brésil.
Un point saillant de 2015 a été la pause de la production industrielle dans plusieurs grandes régions.
Celle-ci a très nettement ralenti en Chine, elle a stagné tout au long de l’année aux Etats-Unis et dans la zone euro. La croissance du PIB a toutefois été soutenue par la très forte baisse des prix du pétrole et des matières premières et les gains de pouvoir d’achat procurés par cette baisse. Les indicateurs de conjoncture montrent que la demande finale a été fortement stimulée par la consommation des ménages, notamment la consommation de services qui représente une part majoritaire de la consommation.
Aux Etats-Unis, dans l’industrie, les indices des directeurs d’achat sont tombés en fin d’année au-dessous du niveau de 50 qui départage les hausses et les baisses, en revanche l’indice dans les activités de services se maintient à un niveau élevé.
Dans la zone euro les indices similaires sont à des niveaux modestes, avec une activité en assez nette progression dans les services et faible dans l’industrie.
Enfin, un point favorable nouveau dans la zone euro est la nette remontée des indices de confiance dans le secteur de la construction. Le réveil de la construction pourrait être un facteur de soutien nouveau de la difficile reprise de l’activité de la zone euro.
Pour 2016, la vision des perspectives économiques a été révisée en baisse tout au long de l’année 2015. Au début de l’année le consensus moyen des économistes tablait sur une croissance mondiale de 3,6% en 2016. Cette prévision a été progressivement ramenée à 3,1%, ce qui reste satisfaisant mais ne traduit plus d’accélération significative de la croissance dans la période prochaine. Les perspectives ont également été révisées en baisse pour les Etats-Unis et pour la Chine. Elles ont en revanche été confirmées sans grand changement pour la zone euro qui est en retard de cycle. Nous ne voyons pas de raison pour que cette tendance ne se poursuive pas mais le niveau d’équilibre est incertain. Il est probable qu’il sera durablement plus bas que dans le passé.
Les politiques monétaires sont sur leurs rails pour l’ensemble de l’année, avec une lente poursuite du mouvement de hausse amorcé aux Etats-Unis et la mise en œuvre programmée jusqu’en 2017 du Quantitative Easing par la BCE. L’inflation est très faible et le restera dans un contexte économique sans aucune tension, ni sur les marchés de biens, ni sur les marchés des facteurs de production. Les inconnues majeures concernent les prix des commodités et les effets potentiellement déstabilisants des injections monétaires répétées par les Banques centrales.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir