L’accord universel de Paris pour limiter le réchauffement climatique à 2°C devrait soutenir la croissance à long terme dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
Par Charlie Thomas, Gérant du fonds Jupiter Ecology Growth et Responsable de la stratégie d’Investissement Environnemental et Durable chez Jupiter AM.
Selon nous, le pacte sur le changement climatique signé lors de la COP 21 représente un signal fort à l’attention du monde des entreprises concernant l’importante transformation de l’économie à laquelle nous allons assister durant les 30 prochaines années pour atteindre le but fixé par cet accord.
Malgré quelques lacunes, la conférence est allée plus loin qu’elle ne l’avait jamais fait : c’est une véritable déclaration d’intention de « limiter le réchauffement bien en-deçà de 2° et s'efforcer de le limiter à 1,5° ».
Pour nous, l’un des résultats les plus importants de cette conférence est la revue programmée tous les 5 ans qui oblige chaque pays à établir un rapport sur son avancée dans la réalisation de ses objectifs de réduction des émissions et le contraint à annoncer des objectifs plus ambitieux. Cela montre clairement que les actuelles promesses de réduction d’émissions pour après 2020 ne sont que le début du processus de décarbonisation. Ce mécanisme de révision est crucial étant donné que les promesses actuelles ne devraient avoir pour effet qu’une limitation des températures comprise entre 2.7 et 3°C.
En ce qui concerne l’investissement, nous pensons que cet accord sera favorable aux activités impliquées dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique ; il devrait donner une impulsion vigoureuse au développement des technologies de l’environnement. En outre, même si l’évaluation du prix du carbone ne fait pas partie de l’accord final, nous pensons que ce mécanisme va revêtir de plus en plus d’importance au niveau local pour inciter à la transition vers une économie bas carbone. Par exemple, la Chine devrait lancer un ambitieux système d’échange de quotas d’émissions en 2017. Cela devrait couvrir entre 3 et 4 milliards de tonnes d’émissions de CO2, soit plus de 7 fois l’intégralité des émissions françaises en 2014.
Nous restons cependant conscients que le pacte ne prendra effet qu’en 2020 et nous allons maintenant observer comment l’accord va se traduire au niveau régional en politiques visant à attirer les capitaux dans les produits et services verts.
Par-dessus tout, nous pensons que le succès de l’accord de Paris repose sur un investissement significatif et durable dans les technologies vertes et d’ailleurs depuis quelques mois, nous avons vu des estimations encourageantes. Avant la conférence, l’Agence Internationale de l’Energie a estimé que pour répondre à la demande croissante et pour atteindre les objectifs dedécarbonisation, entre 8 000 et 14 000 Mds$ (550 Mds$ par an) seraient investis au niveau mondial d’ici 2035. Dans le même temps, une analyse de Bank of America prévoyait que les énergies renouvelables représenteraient environ 70 à 80% des nouvelles capacités de production d’énergie entre 2015 et 2030, v/50% aujourd’hui. Au final, cela devrait faire croître l’utilisation des énergies renouvelables à près de 60% des sources mondiales d’énergie, l’utilisation des énergies fossiles tombant à 40%.
Etant donné le calendrier mis en place, l’Accord de Paris ne devrait pas avoir un impact immédiat sur l’industrie pétrolière. Cependant, pour atteindre les objectifs fixés, approximativement 80% des énergies fossiles mondiales vont devoir être éliminées d’ici 30 ans, et la prime de risque associée à ces « actifs échoués » (stranded assets) va sans doute augmenter quand l’accord deviendra applicable en 2020.
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