Si la chute des cours du pétrole a généré divers niveaux de stress chez les producteurs, dans de nombreux cas, l'environnement actuel créé des opportunités intéressantes, selon Rob Stabler, Directeur Produit Actions Mondiales chez Invesco Perpetual.
S'appuyant sur une analyse de la relation entre les prix du pétrole, les investissements, la rentabilité et les cours des actions, Rob Stabler explique que lesinvestisseurs devraient plutôt se pencher sur l'historique des rendements servis parles entreprises concernées au sein de l'industrie pour s'en servir de baromètre de l'évolution future du cours de l'action, plutôt que chercher à anticiper les futurs prix du pétrole.
« L'environnement dans lequel nous nous trouvons offre aux compagnies pétrolières la possibilité de modifier leur activité, » explique ce spécialiste de l'investissement. Il en veut pour preuve le fait que les entreprises ne sont plus à la recherche d'une croissance supplémentaire des volumes de barils de pétrole, mais tentent de générer des retours plus élevés sur le capital, et donc de meilleurs rendements pour les actionnaires, en réduisant les coûts et en améliorant l'allocation du capital. « Ceci est une nouvelle étape importante dans cette industrie après de nombreuses années de dépenses excessives », note Rob Stabler.
À son avis, la persistance d'un environnement de prix du pétrole bas offre de fait l'impulsion nécessaire aux entreprises pour concrétiser leurs promesses de réforme, voire accélérer le rythme du changement, en rééquilibrant leurs différentes activités et en recherchant une meilleure assise financière. Inversement, un rebond rapide des cours du pétrole pourrait remettre en cause la réforme de l'industrie pétrolière qui se met en place.
Rob Stabler compare la situation actuelle de cette industrie à celle des années 1980, lorsque les cours du pétrole ont subi une forte baisse, similaire à celle des 12 derniers mois. À l'époque, les compagnies pétrolières avaient mis en place de gros programmes de réduction des coûts, démontrant ainsi leur capacité à réaménager leur activité et améliorer leurs flux de trésorerie quand cela était nécessaire. Cependant, après 2000, la hausse des prix du pétrole a de nouveau conduit à mettre davantage l'accent sur la croissance de la production. L'augmentation des volumes décidée par les entreprises, sans prise en compte des coûts, a débouché sur de mauvaises politiques d'allocation des capitaux, alors que les coûts s'envolaient, et sur des rendements décevants. Ce qui a conduit à de mauvaises performances sur le marché boursier.
De nombreux investisseurs ont délaissé le secteur pétrolier après cette longue phase de mauvaise allocation du capital. Du coup, les cours des actions de nombreuses compagnies pétrolières sont aujourd'hui historiquement très attractifs. « Les changements au sein de cette industrie, avec l'accent désormais mis sur les rendements versés aux actionnaires et des valorisations de départ intéressantes, devraient constituer une combinaison attrayante », analyse Rob Stabler. Cependant, si une amélioration de l'allocation en capital devrait conduire à des flux de trésorerie plus soutenus et donc des rendements potentiellement plus élevés pour les investisseurs, les majors du pétrole sont d'énormes entreprises avec des structures complexes.
Rob Stabler met donc en garde : il faudra du temps pour mettre en place les changements nécessaires devant conduire à de réelles économies. Il distingue deux types de sociétés qui devraient prospérer :
- Tout d'abord, les entreprises à faibles coûts de production dotées d'actifs de grande qualité, opérant dans des zones géographiques politiquement sûres, et qui ne connaissent pas les dysfonctionnements bureaucratiques souvent associés aux grandes sociétés pétrolières, devraient être en mesure de maintenir leur niveau actuel d'investissement car elles demeurent rentables dans un environnement de bas prix du pétrole.
- La 2ème catégorie est constituée d'entreprises qui présentent des opportunités de changement significatives : c'est-à-dire des sociétés qui affichaient auparavant des niveaux élevés de dépenses, mais qui ont la capacité et la volonté de changer.
Que les entreprises soient capables ou non de mener à bien ces changements, Rob Stabler pense que tout futur rebond des cours du pétrole devrait être considéré comme une « option d'achat gratuite » plutôt que la justification d'un investissement. L'année écoulée a montré combien il est difficile de prédire l'évolution des prix du pétrole. Et, si l'on se réfère au passé, une remontée des cours pourrait conduire à une reprise des dépenses. « Si les investisseurs regardent au-delà des cours actuels du pétrole et même au-delà des prévisions pour le futur, pour plutôt se concentrer sur les fondamentaux des entreprises, la qualité des équipes de direction et leur capacité à maîtriser leur changement, alors nous pensons qu'il existe vraiment des opportunités d'investissement intéressantes », explique-t-il.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir