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Mega-Deals télécom : ce n'est que le début

Par Frédéric Ichay, Avocat Associé de Pinsent Masons

Depuis l’an dernier, le marché des télécoms est en ébullition. Pas un mois ne se passe sans qu’un méga-deal soit annoncé. Derrière ces nombreux rapprochements, les logiques économiques sont souvent les mêmes : bâtir des géants à même de rivaliser avec ceux du Net et de rester dans la course au déploiement et à l’amélioration des réseaux. Explications...

Selon Stéphane Richard, PD-G d'Orange, "Nous allons vers des regroupements européens ; le sens de l'histoire, c'est de voir émerger 3 ou 4 grands projets européens". Cette conception semble être partagée par d'autres puisque depuis un an environ un réel mouvement de fusions et acquisitions a lieu en France, mais pas seulement!

Vers une vague de fusions transfrontalières

En France, le mouvement de consolidation le plus remarquable a été réalisé par le groupe Altice. Mené par Patrick Drahi, Altice a réalisé beaucoup d'acquisitions importantes en commençant avec :
- SFR en avril 2014 pour 17,4 Mds€
- Portugal Telecom en décembre 2014 pour 7,4 Mds€
- société américaine Cablevision en septembre 2015 pour 15,6 Mds€.

Au Royaume-Uni, le Hongkongais Hutchison Whampoa Limited, qui possède l'opérateur télécom anglais Three, devrait acquérir O2 UK – Telefonica - pour la somme de 14 Mds€, après avoir acquis O2 Irlande en juillet 2014 pour 850 M€. Avec cette acquisition, le groupe Hongkongais « va créer l'opérateur mobile n°1 au Royaume-Uni avec presque 33 millions de clients ».
BT a acheté EE, le plus grand fournisseur de téléphone du Royaume-Uni à Orange et Deutsche Telekom pour 16,7 Mds€ ("closing" prévu en 2016). BT étant l'un des plus importants fournisseurs de téléphone et d'accès internet haut-débit du Royaume-Uni, cette acquisition va lui permettre de devenir le "premier fournisseur de quadruple services".

Non loin de l'Europe, la société émiratie Etisalat a réalisé, en 2013, deux opérations concernant Maroc Telecom. Etisalat a d'abord acquis 53% des parts de Vivendi dans Maroc Telecom. Puis, Maroc Telecom a acheté 6 des filiales africaines d'Etisalat. Le second deal était lié au succès du premier. Le but étant de faire de Maroc Telecom le "hub" africain d'Etisalat puisqu'il sera présent dans 10 pays du continent.

Quelques échecs notables sont toutefois à noter, notamment la tentative d'achat (rejetée) de Bouygues Telecom par Altice. Ce vent de consolidation a vu, à la fois éclore des champions nationaux de taille (Altice en France et BT au Royaume-Uni), et a assisté d'autre part à l'arrivée d'opérateurs étrangers tels qu'Hutchinson prenant pied sur des marchés plus que mature comme celui du Royaume-Uni. L'acquisition de Cablevision par Altice en est un autre exemple. La mondialisation des opérateurs télécoms est clairement devenue une réalité.

S’associer pour mieux lutter

Le monde des télécom connait actuellement une véritable révolution de son business modèle. Cette révolution est dut à la disparition progressive des services de voix et de data payants ainsi qu'à l'arrivée de nouveaux concurrents tels que Skype ou WhatsApp.
Depuis le développement fulgurant des fournisseurs de services OTT (over-the-top), les opérateurs télécom se sentent en danger parce qu'ils n'ont aucun contrôle sur l'utilisation de leurs propres réseaux par ces derniers qui, du reste, ne payent aucune redevance d'utilisation - même s'il est question de mettre en place des "fees for carriage". Face à la tendance baissière de l'ARPU (Average Revenu Per User) depuis plusieurs années, les telcos ont décidé de frapper fort en se regroupant pour mieux réagir à cette concurrence et rester dans la course au développement de contenus.

En mutualisant leurs moyens tout en agrégeant leurs clients, les opérateurs télécoms visent à créer un effet de masse. Les investissements liés à l'amélioration des réseaux ainsi qu'au développement de nouvelles technologies (type 4G/5G) pourront donc, en principe, être absorbé plus facilement par ces opérateurs au total de bilan gigantesque.

Le secteur connait également une internationalisation à outrance. En effet les opérateurs ne se contentent plus de fusionner à l'échelle nationale, comme ce fut le cas avec SFR et Numéricâble en France, désormais ils achètent au-delà de leurs frontières. A ce titre, on peut citer l'exemple d'Altice qui a acquis Portugal telecom et l'américain cablevision ou la société émirati Etisalat avec Maroc telecom.
Il faut cependant noter un durcissement de la part des nouveaux membres de la Commission européenne de contrôle des concentrations qui vient limiter ce mouvement de consolidation. En effet, plusieurs projets de fusions ont récemment été annulés du fait des exigences accrues de la Commission, tels que ceux de Vodafone et Liberty Global ou TeliaSonera et Telenor. Les opérateurs télécoms pourraient donc avoir recours à de nouveaux modèles d'alliance, pourquoi pas en créant des partenariats à l'exemple des équipementiers Ericsson et Cisco. Il leur faudra cependant adapter cette solution à leur coeur de métier et à ses spécificités.

Enfin, face à ce mouvement de consolidation important, un dernier constat s'impose : les prix d'acquisition sont de plus en plus élevés : 14 Mds€ pour O2 UK, 16,7 Mds€ pour EE. Seul l'avenir pourra réellement nous dire si cette survalorisation est justifiée ou pas par la création de valeur escomptée.

http://www.pinsentmasons.com/

 

 Comprendre l'économie durable pour s'y investir

 

 

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