Par Philippe Troesch, directeur des Gestions chez Meeschaert AM.
L’année 2012 a été un excellent millésime qui a vu tous les actifs traditionnels enregistrer des performances remarquables. Paradoxalement, les classes dites défensives comme l’or et l’immobilier ont été beaucoup moins brillantes dans une période où l’économie est toujours à la peine et où les perspectives de croissance, notamment en Europe, sont faibles. En effet, il est rare de voir les indices obligataires quels que soient les ratings ou la nature, d’Etat ou corporate, afficher un rendement à deux chiffres. L’évolution positive du marché des actions et de celui des obligations a remis en cause le principe de décorrélation de ces deux actifs. Au final, l’année 2012 est la meilleure pour les portefeuilles diversifiés (20 % actions et 80 % obligations) depuis 10 ans et la troisième sur vingt ans. A cet égard, seules les années 1993 et 1998 sont devant ; malheureusement, on sait ce qu’il est advenu par la suite. Beaucoup d’investisseurs institutionnels par manque d’appétit pour le risque ou en raison de contraintes règlementaires n’ont pas pu profiter pleinement de ces bonnes performances.
Une autre idée reçue a été mise en échec cette année. Elle concerne la gestion alternative qui n’a pas été capable de capter les tendances et qui, probablement par manque de volatilité, affiche pour la deuxième année consécutive des résultats relativement pauvres, dans tous les cas pas assez robustes pour supporter des frais élevés.
En matière économique et monétaire, nous n’en sommes plus à un paradoxe près. Les politiques non conventionnelles des banques centrales semblent défier toutes les lois de l’apesanteur, car leurs mises en oeuvre qui datent de plus de trois ans n’ont pas engendré un retour de l’inflation. D’une manière plus générale, elles ont maintenu les taux long terme dans des zones très basses et favorisent des marchés actions qui sont montés dans de faibles volumes.
Dans le domaine énergétique, les annonces concernant les Etats-Unis et leur indépendance en matière pétrolière pourraient remettre en cause un ordre pré établi et notre appréhension malthusienne de cette source d’énergie. Les Etats-Unis, premier producteur de pétrole devant la Russie et l’Arabie Saoudite, voilà de quoi nous donner un certain vertige. Probablement si d’autres pays notamment en Europe adoptent les mêmes techniques d’extraction, nous allons vers des ressources énergétiques moins chères et le prix du baril à 87 dollars n’a pas de sens. A la fin des années 70, le pétrole après deux crises est descendu à 6 dollars et le CAC 40 a connu un fort rallye pendant 4 ans. En 2013 la question qui va se poser va être de deux ordres. Va-t-on assister à une remontée des taux d’intérêt et peut-on renouveler la bonne performance des actions ?
Notre opinion reste donc mesurée. Nous pensons raisonnablement que les actions peuvent continuer leur évolution positive, notamment certains secteurs très en retard et plutôt sous-évalués. Par ailleurs, nous estimons qu’une remontée des taux long terme de 1 à 2 % ne changerait pas fondamentalement la valorisation des marchés boursiers.