L’équipe obligataire de Quilvest Gestion table sur l’augmentation du montant du quantitative easing, l’élargissement des actifs éligibles et une baisse du taux de dépôt
Après les « minutes » publiées par la BCE il y a une quinzaine de jours, puis quelques rumeurs concernant les mesures qui pourraient être annoncées jeudi, les marchés ont nourri de fortes exigences vis-à-vis de la banque centrale. Mario Draghi devra donc se montrer convaincant pour ne pas décevoir les marchés.
La zone euro est encore confrontée à de multiples obstacles qui pèsent sur son rythme de croissance
Pour Guillaume Truttmann et Rémi Lelu de Brach, gérants obligataires et analystes crédit chez Quilvest Gestion, les facteurs justifiant des mesures immédiates de la part de la BCE sont multiples et de nature différente. Si la croissance économique semble bel et bien de retour en zone euro, son rythme reste modéré et des obstacles demeurent. « L’orientation durablement baissière des prix des matières premières, mais aussi les craintes exogènes quant aux économies émergentes, Brésil et Chine en tête, ont ravivé de profondes incertitudes sur les perspectives d’inflation à l’échelle globale. À cela s’ajoutent d’autres sources de préoccupation, propres à la zone euro. La désunion européenne et la faible harmonisation des politiques fiscales et sociales freinent la reprise, le rythme des réformes est encore hétérogène d’un pays à l’autre de la zone » analysent les deux gérants.
Dans ces conditions, nul doute que la BCE va assouplir encore davantage sa politique monétaire. L’enjeu sera de ne pas décevoir les marchés. La banque centrale dispose aujourd’hui de deux leviers, renforcer son programme de rachats d’actifs ou abaisser son taux de dépôt, déjà en territoire négatif (aujourd’hui à -0,20%). « Pour ce qui est du renforcement du quantitative easing, il faut dissocier rallongement de la durée du programme et hausse du montant mensuel des achats d’actifs. Si l’ajustement du programme ne porte que sur sa durée, la déception des marchés sera grande. En revanche les investisseurs devraient saluer une augmentation du montant mensuel, actuellement à 60 Mds€ » juge Guillaume Truttmann.
Concernant une baisse supplémentaire du taux de dépôt, cette mesure « répressive » vis-à-vis des banques inciterait celles-ci à prêter davantage aux agents économiques, un moyen de soutenir l’investissement et la consommation, et in fine la croissance. « De cette façon, la BCE élargirait le panel des actifs éligibles au sein de son programme d’achats, puisque l’institution calerait le taux minimum d’achats sur le taux de dépôt » ajoute-t-il.
La portée des mesures qu’annoncera la BCE devrait être significative
« Chez Quilvest Gestion, nous pensons que Mario Draghi aura à cœur de ne pas décevoir et nous tablons non seulement sur une augmentation du volume mensuel d’achats, un élargissement des actifs éligibles aux obligations régionales et municipales, mais aussi une nouvelle baisse du taux de dépôt » expliquent les gérants.
De telles mesures seraient en ligne avec l’objectif principal de la Banque centrale, recréer les conditions nécessaires pour revigorer assez rapidement le niveau d’inflation. À court terme, ces décisions entretiendraient la baisse des taux obligataires, avec notamment un phénomène d’aplatissement de la courbe de taux allemande et d’affaiblissement de l’euro face au dollar (d’autant que la FED a quasiment l’obligation de relever ses taux en décembre, un antagonisme monétaire favorable à la dépréciation de l’euro).
« L’effet souhaité sur le relèvement des anticipations d’inflation pourrait alors être perceptible d’ici 3 à 6 mois. Et dans ce cas, il faudra s’attendre, dans un second temps, à un réajustement mécanique à la hausse des taux obligataires. Une plage de fluctuation entre 0,40 et 0,80% est crédible pour le niveau du Bund allemand, à l’horizon de 6 mois » conclut Guillaume Truttmann.
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