Le pessimisme envers le secteur pétroler est tel que les marchés n’anticipent ni reprise des prix du pétrole ni amélioration des rendements de l’industrie pétrolière. Les gérants de fonds sous-pondèrent ce secteur, proche d’un point bas et ce alors même que les spéculations sur les positions courtes sont à un point haut.
« Nous ne partageons pas ce pessimisme explique Duncan Goodwin, gérant du Baring Global Resources Fund. Nous pensons au contraire que le secteur de l’énergie présente peut-être un des plus grands potentiels d’opportunités. »
Ce ne serait pas la première fois que le cycle pétrolier surprendrait les marchés. En outre, tabler sur aucune amélioration des rendements à long terme suppose que les compagnies pétrolières ne prennent aucune mesure par rapport au contexte actuel. Or, en réalité, nombreuses sont celles qui ont réduit leurs coûts, différé certains investissements couteux, rationnalisé leurs actifs et consolidé.
Les acteurs majeurs de l’industrie appliquent des critères plus stricts. Des projets dont les rendements attendus étaient de 15% avec un baril à 70 $ ont ainsi été reportés ce qui à nos yeux présente deux conséquences significatives :
- Tout d’abord, les rendements ne vont pas rester à des niveaux si bas. Si les sociétés abandonnent les projets peu attractifs et réduisent leurs coûts, mécaniquement leur profitabilité va se redresser et ce même avec un cours actuel autour de 46 $.
- Ensuite, la baisse des dépenses entraîne naturellement un déclin de la production.et nous anticipons que la production mondiale va baisser de 5,5m à 6m de barils par jour à horizon 24/36 mois.
Nous devons aussi tenir compte de l’impact des ajustements actuels dans le secteur on shore américain. Le nombre d’appareils de forage a baissé de plus de la moitié. Ceci risque également de faire baisser la production mondiale et nous nous attendons à ce que la production on shore américaine chute d’environ 500 000 barils par jour en 2016. Ceci constitue un changement majeur, ces forages ayant été ces derniers temps un facteur déterminant dans l’évolution des cours du pétrole. Une baisse de la production d’environ 8% implique nécessairement un ajustement de l’offre et devrait se concrétiser prochainement, la demande mondiale restant à des niveaux record. De toute évidence, ceci est très positif pour les prix du pétrole. Dans ce contexte, on ne peut pas tabler sur une croissance zéro des cours du pétrole et des bénéfices pétroliers.
L’ajustement de l’approvisionnement pétroler ne dépend pas seulement des compagnies mais aussi de l’OPEP et tout particulièrement de l’Arabie Saoudite. En 2015, l’Arabie a augmenté sa production pour faire baisser les prix et, d’après nous, peser sur les producteurs non membres. Inculquer plus de discipline au sein de l’OPEP pourrait constituer un objectif important. Cela étant, il nous semble que les saoudiens ne souhaitent pas voir se prolonger cette période de prix bas et qu’ils pourraient graduellement revenir à des niveaux de production normaux. Ce scénario permettrait de contrebalancer le retour sur la scène de l’Iran après la levée des sanctions, le pays ayant annoncé une production de 1m de barils par jour. Néanmoins, nous ne pensons pas que cela compensera les baisses de production que nous anticipons.
En tant que gestionnaires de convictions, nous nous attachons à l’analyse des sociétés. Nous investissons sur celles qui, au terme d’une recherche bottom-up et d’une analyse quantitative, sont les mieux positionnées pour offrir des rendements attrayants à long terme. Actuellement, de nombreuses compagnies du secteur énergétique répondent à ces critères. Nous privilégions celles qui se restructurent, réduisent leurs coûts et augmentent leur potentiel de gain.
Chevron par exemple a réduit ses dépenses de 25% pour l’an prochain. Shell constitue un autre exemple. Alors que nous n’avions aucune position, nous sommes maintenant investis. À notre avis, Shell prend des mesures qui améliorent ses perspectives à long terme, notamment avec l'acquisition de BG Group et l'annulation d'un certain nombre de projets d’envergure, comme les sables bitumineux Carmon Creek dans l'Ouest canadien. Cette restructuration fait baisser les coûts tout en offrant davantage de leviers pour la croissance future. Chevron, Shell et BG Group sont des positions importantes, à environ 15,6% de notre portefeuille.
Au sein du Baring Global Resources Fund, nous avons augmenté notre allocation sur les compagnies pétrolières à 54% contre seulement 35% à fin février conclut Duncan Goodwin.
Nous pensons que le marché se montre trop pessimiste sur les perspectives du secteur énergétique. Les valorisations présentent selon nous un potentiel de hausse et nous escomptons des surprises positives sur les bénéfices des pétrolières sur lesquelles nous sommes investis.
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