Contexte
Au cours des deux derniers mois, on pourrait qualifier le comportement des marchés et des commentateurs comme schizophrène. Les investisseurs se sont montrés préoccupés par le manque de communication des banques centrales. Elles ont semé le doute et sont apparues comme incapables d’apporter la clarté nécessaire dont les marchés ont besoin. Les derniers changements de langage de la Fed confirment ce manque de direction. Alors que la Fed s’était dite préoccupée des développements internationaux en septembre, toute référence à l’économie mondiale a complètement disparu de son discours d’octobre, changement majeur en l’espace d’un mois.
On retrouve cette même incertitude ailleurs. Le célèbre stratégiste Ed Yardeni vient ainsi de publier un article dans Business Insider arguant qu’il est temps de commencer à parler d'une récession américaine. Mais une semaine plus tard un autre article évoquait les signes qui montrent que l’économie américaine est loin de la récession. Changement de position pour le moins radical ! Mais quel est donc le souci de l’économie américaine pour en arriver là ? A notre avis, pas grand-chose.
A plusieurs reprises, nous avons évoqué des facteurs positifs pour l’économie américaine (consommation, services, crédit). Cependant, trois facteurs ont pesé sur l’économie et les bénéfices au cours des douze derniers mois : la hausse du dollar (qui a conduit à des troubles dans les pays émergents et a joué sur les bénéfices), la baisse des cours des matières premières et le resserrement des conditions financières. Comme ces problèmes semblent se résorber, nous nous attendons à un mieux pour la croissance et à un redressement des bénéfices au premier semestre 2016. La croissance sera peut-être médiocre, mais elle devrait être suffisante pour éviter un décrochage.
Les tenants du « bears» risquent de pas être d’accord avec nous, et ce pour deux raisons majeures.
- Tout d’abord, parce qu’ils auront noté une chute de la production et du commerce mondial. Au cours des dernières décennies, nous avons principalement examiné l’économie mondiale à travers le prisme du commerce international, de la production et de l’investissement. Mais actuellement, persister dans cette approche risque de ne pas être pertinent. La nature de la croissance économique a changé et nous devons l’analyser différemment. L’activité domestique, le secteur des services et la consommation sont de plus en plus importants. Cette tendance va se poursuivre et entraîner l’économie dans les trimestres à venir.
- Deuxièmement, toujours pour les tenants du « bears » les avantages des assouplissements monétaires vont commencer à s’atténuer jusqu’à ne plus avoir d’effet. De fait, l’assouplissement quantitatif ne saurait être la seule réponse à une croissance plus basse plus longtemps que prévu. Néanmoins, les politiques fiscales vont continuer à jouer un rôle à court et à long terme.
A plus long terme, le monde a besoin d’un plan financier créatif. Pourquoi ne pas laisser des organisations telles que la Banque de Reconstruction et de Développement, la Banque d’Investissement Européenne, la Banque de Développement Asiatique consentir des prêts peu chers, avec des intérêts à 50 ans entre 1,5 et 3% ? Les recettes pourraient alors être utilisées rapidement dans des projets aptes à stimuler la demande et à favoriser la croissance. Bien mises en œuvre, de telles initiatives permettraient aux bénéfices de la croissance et aux impôts directement liés de faire plus que rembourser les coûts d’emprunt.
En attendant, en dehors des Etats-Unis, les politiques monétaires restent favorables à la marge. La BCE est venue à la rescousse. La Banque du Japon est prête à soutenir l‘économie. La Banque de Chine va se lancer dans une série de mesures, dont la baisse des taux officiels et du ratio des réserves obligatoires. Pour un certain temps, de telles politiques sont positives pour l’économie et pour la profitabilité des entreprises.
Allocation d’actifs
Pour l’instant, notre position sur les marchés depuis la crise du 24 août reste pertinente et nous continuons à voir le verre à moitié plein. Dans cette lutte permanente entre « bulls » et « bears », nous nous dirigeons vers un régime de plus forte volatilité sur les marchés. La conviction des investisseurs risque d’être mise à dure épreuve et l’investissement nécessitera une approche très disciplinée. En 2016 comme auparavant, les marchés continueront à évoluer en fonction de la croissance et des bénéfices. Enfin, si les valorisations sont à leur juste niveau sur certains marchés, d’autre présentent un bon potentiel de hausse.
Dans ses allocations, Barings favorise toujours les actions, et plus particulièrement les valeurs européennes. Les actions britanniques et l’énergie ont également été revalorisées.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir