Billet mensuel du Docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.
Facteur macro-économique 1 : le pétrole
Le cas du prix du brut relève d’un processus d’auto-accélération qui défie toute logique de gestion. Lorsque le prix chute de 5%, la quantité d’extraction est relevée de 5% pour maintenir les revenus à un niveau constant. Mais comme la demande n’est pas élastique et que les capacités de stockage sont limitées, le prix finit ensuite par baisser de plus de 5%. Ce qui entraîne une nouvelle augmentation des extractions. La surproduction correspond actuellement à environ 3% de la demande mondiale (environ 3 millions de barils par jour). Plusieurs centaines de millions de barils sont stockés dans des réservoirs, mais également des navires citernes, qui errent lentement sur les mers du monde entier. La capacité de stockage est donc limitée et presque épuisée. La théorie économique de la maximisation des profits ne fonctionne pas, car ce ne sont pas les bénéfices mais les liquidités qui sont ainsi maximisées. Le processus prendra fin lorsque :
a) la consommation de pétrole augmentera massivement,
b) des fournisseurs feront faillite et des unités d'extraction seront mises au rebut,
c) les États diminueront volontairement leur soutien.
Pour le moment, on est dans une logique contraire. Les fournisseurs deviennent de plus en plus efficients et de plus en plus d’États forcent à tout prix sur les extractions. Il est possible que la fébrilité qui règne au Proche Orient soit simplement due à une baisse de prospérité liée à la chute des prix du pétrole. Cette baisse du niveau de prospérité entraîne des ventes de titres d’emprunt américains qui, à leur tour, font baisser les cours.
Facteur macro-économique 2 : la Chine
La Chine s’affaiblit. Les consommateurs chinois représentaient jusqu'à présent une source de bénéfices pour les entreprises occidentales, qu'il s'agisse de voitures ou de sacs à main. La conjoncture chinoise a été tirée par les investissements en infrastructures chinois. En quelques années, la Chine a autant investi que l’Europe et les Etats-Unis en un siècle. Mais comme presque tous les ponts, routes, chemins de fer et aéroports sont désormais construits, ce moteur de croissance vient à manquer. De nombreux investissements ne sont pas rentables et ont néanmoins été financés par des emprunts à court terme. La pyramide vacille et l’État chinois fait désormais fructifier ses investissements étrangers en vendant du dollar pour soutenir sa conjoncture nationale.
Facteur inhérent au marché 1 : les ETF
La réglementation bancaire prévoit une augmentation des exigences en capital et limite les opérations pour compte propre des banques. Les gros investisseurs et les ETF dominent de plus en plus les marchés. Lorsque les ETF font l’objet de cessions sur fond de crise, la contrepartie acheteuse fait défaut et les variations de cours s'accélèrent. Lors de la crise du mois d’août, certains jours ont vu des ETF américains être négociés avec une décote de 30% par rapport à leur valeur intrinsèque. Le nombre des investisseurs actifs étant décroissant, les ETF vendeurs restent entre eux. La bénédiction des ETF se transforme en malédiction.
Facteur inhérent au marché 2 : les modèles de gestion des risques
L'utilisation du budget risque des portefeuilles de valeurs mobilières augmente avec la hausse de la volatilité et les corrélations. Cela se traduit par des ventes de titres qui, à leur tour, accélèrent la chute des cours, et qui finissent par peser sur le budget risque. Un mécanisme simple à comprendre que l’on pourrait également appeler la spirale de la mort. Des centaines de verrous de sécurités suspendent à court terme les transactions sur actions, ce qui renforce le sentiment d’insécurité.
Opinion
Nous pensons que la pression sur le prix du pétrole et la crise chinoise vont nous occuper encore longtemps. Nous avions perçu ces deux thèmes assez tôt et ils ne nous surprennent pas. La forte baisse des cours du fait de facteurs inhérents aux marchés est pour nous une chance. Nous avons renforcé nos investissements ces derniers jours pour profiter des cours attractifs. En effet, nous pensons que la phase de stress passera d'ici la fin de l'année et que les cours se normaliseront
Comprendre l'économie durable pour s'y investir