L’analyse de Nicolas Chéron, Stratégiste chez CMC Markets France
Après le tumulte estival, difficile de cerner la tendance des marchés boursiers encore très volatils. Après trois séances haussières, l’indice CAC 40 a perdu jusqu’à -1,70% en séance ce 10 septembre. Le comportement erratique des actions peut s’expliquer par la confrontation de sentiments contradictoires, selon l’horizon d’investissement considéré par les intervenants de marché.
Selon une logique de court-terme, les investisseurs ont, depuis quinze jours, profité de niveaux « supports » sur les indices occidentaux (en particulier le Nikkei et les indices européens) pour racheter des actions à bon compte après la correction du cœur de l’été. Ce mouvement d’achat « de repli », qui a notamment permis au CAC 40 de retracer 50% de la baisse subie en août, se télescope avec des facteurs de risque à plus long terme.
En effet, l’hypothèse d’un scénario de « Bear Market » qui ancrerait les Bourses mondiales dans une baisse prolongée, n’est pas à ignorer. D’un point de vue quantitatif, les ratios de valorisation des marchés actions apparaissent globalement élevés. Dans cette situation, les marchés sont un peu plus sensibles au moindre déclencheur capable de générer une correction. Autre signal auquel rester attentif, le niveau de l’indice de la peur (le fameux « VIX », qui retrace la volatilité des marchés actions) qui a rapidement renoué avec ses niveaux de 2008.
Risque chinois et risque monétaire
L’épisode chinois de cet été a fait figure d’avertissement. Les efforts de la Banque Populaire de Chine pour éteindre l’incendie (plus de 200 Mds$ ont été injectés en quelques semaines !) sur les marchés ont semble-t-il permis de stabiliser la situation boursière. Reste l’incertitude économique. L’action de la banque centrale semble avoir relativement peu d’emprise sur le ralentissement économique du pays. Les dernières données conjoncturelles du pays ont notamment confirmé le repli des prix à la production pour le 42e mois consécutif ! Le trou d’air chinois pourrait se répercuter sur l’environnement global. Si les Etats-Unis (voire l’Europe) semblent relativement immunisés face au coup de frein de la demande chinoise, les économies émergentes sont en première ligne. C’est le cas des voisins asiatiques de la Chine et de l’Amérique latine, qui est le premier fournisseur de matières premières de la Chine.
Par ailleurs, le thème de la remontée des taux directeurs de la FED préoccupe les investisseurs. A juste titre. Plus le temps passe, plus le choix de politique monétaire de la FED ressemble à un dilemme : l’économie américaine semble mûre pour une hausse de taux immédiate, un an après le repli des rachats d’actifs de la banque centrale américaine. Si l’impact d’un resserrement monétaire pour les marchés est évidemment à considérer, surtout après les turbulences de l’été (la hausse des taux pouvant encourager des retraits de capitaux sur les marchés actions et pénaliser certaines devises émergentes), à l’opposé, le maintien de taux bas se justifie de moins en moins. La complaisance monétaire sur une période trop longue n’est pas sans risque, elle peut créer des distorsions dans le prix des actifs, favorables à l’éclatement de bulles sur certaines classes d’actifs !
Comprendre l'économie durable pour s'y investir