Pour Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg, et son équipe, il devient de plus en plus probable que la croissance de l’économie mondiale de cette année soit inférieure à celle de 2014, malgré la faiblesse des prix pétroliers et le niveau bas des taux d’intérêt.
Le ralentissement économique dans les pays émergents s’intensifie
Les signes de faiblesse conjoncturelle n’apparaissent plus seulement en Chine, au Brésil et en Russie, mais émergent également dans d’autres pays comme l’Indonésie, l’Inde ou la Corée. Jusqu’à présent, la contagion n’a pas encore touché les pays développés dont la croissance économique reste toutefois modérée.
La baisse des cours boursiers a été déclenchée par le ralentissement de l’économie chinoise et la décision des autorités locales de dévaluer leur monnaie. « Comme la croissance conjoncturelle est également anémique dans la plupart des autres régions du monde, les craintes d’une expansion généralisée des pressions déflationnistes ressurgissent. Il reste à voir comment les marchés boursiers se comporteront en octobre - traditionnellement une période boursière difficile - lorsque les grands groupes multinationaux risqueront de communiquer au sujet de l’impact sur leur croissance bénéficiaire de l’intensification du ralentissement économique dans les pays émergents. »
Les principaux indicateurs de prix restent relativement stables
Les principaux indicateurs de prix américains et européens ont été relativement stables au cours des derniers mois. Le déflateur des dépenses de consommation hors énergie et alimentation, qui constitue l’indicateur préféré de la Réserve fédérale, a légèrement baissé. Dans la zone euro, le taux d’inflation n’a pas bougé en août. « Suite au regain de faiblesse des prix des matières premières, le taux d’inflation européen pourrait redevenir négatif dans les mois à venir », pense l’économiste luxembourgeois.
La Réserve fédérale américaine laissera inchangés ses taux directeurs en septembre
Le mois dernier, les autorités monétaires européennes, américaines et japonaises se sont montrées particulièrement discrètes, ne donnant pas d’indication nouvelle concernant leur politique monétaire future. « En raison de la multiplication des signes de ralentissement économique dans les pays émergents et de l’augmentation de la volatilité boursière, la plupart des analystes estiment dorénavant que la Réserve fédérale américaine laissera inchangés ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion ce mois-ci », penseGuy Wagner. En Chine, les autorités publiques ont augmenté la bande de fluctuation du yuan par rapport au dollar, ce qui a conduit à un affaiblissement de la devise chinoise.
Les obligations d’Etat américaines restent la seule alternative valable
En août, les emprunts d’Etat n’ont pas repris le rôle de valeur refuge malgré la volatilité accrue sur les marchés boursiers. L’évolution des marchés obligataires de la zone euro dépend quasi exclusivement des interventions de la BCE et de la réglementation prudentielle, alors que les fondamentaux économiques ne jouent pratiquement plus aucun rôle. « Les taux longs des pays cœur de la zone euro restent à des niveaux peu attrayants. Les obligations d’Etat américaines demeurent la seule alternative valable dans les pays industrialisés, étant donné qu’elles disposent encore d’un léger potentiel d’appréciation si les pressions déflationnistes reprennent le dessus », conclut Guy Wagner.
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