Entretien avec Rory Hammerson, gérant des fonds Kempen (Lux) European Small Cap et Kempen (Lux) Sustainable European Small Cap .
Comment sont gérés vos fonds ?
Nous appliquons une gestion de conviction qui nous amène à construire des portefeuilles de 30 à 50 petites et moyennes capitalisations européennes. Le plus souvent, le portefeuille est concentré et le nombre de lignes avoisine 30. Nous avons pour objectif d’investir dans deux types de valeurs : les valeurs de qualité et les valeurs en situation spéciale. Les premières constituent le cœur du portefeuille et représentent au moins 60% de l’actif. Les secondes en représentent quant à elles au maximum 40%.
A quoi faites-vous référence lorsque vous évoquez des situations spéciales ?
Il s’agit pour l’essentiel de firmes en restructuration ou qui font l’objet d’une opération en capital. Il peut aussi s’agir d’entreprises qui bénéficient d’une évolution favorable de la réglementation. A titre d’exemple, on peut citer Akka Technologies qui a procédé à une opération de croissance externe en rachetant une entreprise allemande. On peut aussi mentionner Hygena qui a considérablement réduit ses coûts, notamment en limitant le nombre de ses centres de production à quatre. D’une manière générale, nous anticipons le maintien de la dynamique des opérations de fusions et acquisitions en Europe. Dans un contexte de croissance modérée, ces opérations permettent de nourrir la croissance des grands groupes qui peuvent ainsi capter de nouveaux marchés et de la performance.
Vous mentionnez des valeurs françaises mais on n’en trouve aucune parmi les principales lignes actuelles de votre portefeuille. Pour quelle raison ?
C’est un hasard du calendrier. Jusqu’au premier semestre de cette année, nous avions deux champions de la cote parisienne en portefeuille : Valeo et Ingenico. Nous les détenions toutes deux depuis 2011 et elles figuraient parmi nos principales positions. Aujourd’hui, nous n’anticipons néanmoins pas de nouvelle appréciation satisfaisante pour ces titres. En effet, pour chacune de nos positions, nous souhaitons disposer d’un potentiel de valorisation minimum de 20%.
Concernant les paramètres de sélection des valeurs, quels sont ceux que vous avez retenus dans le cadre de l’analyse ESG appliquée dans le fonds Kempen (Lux) Sustainable European Small Cap ?
Notre approche, que nous qualifions « d’engagement », combine l’exclusion des titres d’entreprises qui ne respectent pas les valeurs qui sont les nôtres ou qui font l’objet de controverse, et le fait de privilégier les entreprises les plus vertueuses. Nous nous appuyons sur une recherche extra-financière rigoureuse en Interne et bénéficions des travaux d’Actiam, un cabinet d’analyse spécialisé. Si la communication des grandes entreprises sur les aspects ESG s’est considérablement développée ces dernières années, il reste du chemin à faire pour les plus petites valeurs qu’il convient de convaincre de l’intérêt d’une telle démarche, tant pour les investisseurs que pour elles-mêmes. Notre rôle est aussi de les amener à prendre conscience du fait qu’une bonne communication extra-financière leur est aussi bénéfique.
Performances et avis de la rédaction à lire dans le Bas de Laine n°274