ENTRETIEN AVEC RAYMOND LEBAN - NOUVEAU PRESIDENT DE CGPC
1) Quel a été votre parcours ?
Je suis aujourd’hui Directeur de la Direction Economie Tarifs & Prix d’EDF après y avoir occupé les fonctions de Directeur délégué puis de Directeur de la stratégie Groupe de 2008 à 2012. Je suis à ce titre responsable de la politique et de l'optimisation des prix et des marges d’EDF sur les marchés français physiques et financiers de l'électricité et du gaz. Je suis aussi responsable des négociations des évolutions tarifaires avec les pouvoirs publics.
Professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) en économie industrielle et management, j’ai dirigé de 1996 à 2008 le Pôle « économie et gestion » de l’institution (plus de 40000 élèves dont 80% engagés dans la vie professionnelle), qui contenait notamment l’Ecole Nationale d’Assurances et l’Institut technique de Banque et dispensait des formations conduisant tant à des titres inscrits au Répertoire National des Certifications professionnelles qu’à des diplômes nationaux.
En tant que directeur- fondateur de l’Institut International du Management du CNAM, j’ai développé des formations en anglais conduisant à l’obtention de masters et MBA en management (un millier d’élèves chaque année), dont un MBA « Financial Planning » construit en collaboration avec le professeur Claude Bensoussan et avec le concours d’experts de CGPC comme enseignants.
J’ai aussi présidé le Jury national de l’examen de certification du CGPC depuis sa création et, à ce titre, particulièrement veillé à la qualité des épreuves. Le bon niveau de nos examens, reconnu par les acteurs de la profession, est fondamental pour la valeur de la certification de CGPC.
2) Vous êtes membre de CGPC depuis l’origine. Quelles ont été les grandes dates de l’association ?
Dès 1996, Claude Bensoussan a souhaité regrouper tous les acteurs de cette profession émergente qu’était alors le Conseil en Gestion de patrimoine au sein d’une même association, l’Association des conseils en gestion de patrimoine certifiés (CGPC). L’appartenance à cette association signifiant que ses membres avaient satisfait à des épreuves d’évaluation de leurs compétences.
Il a vu aboutir ses démarches en 1997, quand CGPC est devenue l’affilié français de FPSB (Financial Planning Standards Board), organisme international de certification présent aujourd’hui dans 26 pays.
L’objectif était simple inciter la profession à mettre l’intérêt du client au centre de la démarche avec méthode et dans le respect d’une déontologie stricte.
1998 a été l’année des premières épreuves de certification, auxquelles se sont présentés des CGP libéraux, des collaborateurs de sociétés d’assurances, de banques, de société de gestion.
CGPC compte aujourd’hui 1650 membres certifiés en activité.
2006 a vu la création de CIF-CGPC agréée par l’AMF, qui permettait à ses membres d’obtenir le statut CIF. CIF-CGPC est devenue, depuis, la compagnie des CGPI, syndicat de CGP libéraux.
Depuis 2010, les certifiés CGPC qui le désirent peuvent également être « certifiés ISO 22222 » sans formalité supplémentaire. Ils peuvent alors se prévaloir de cette norme internationale pour le conseil en gestion de patrimoine.
L’examen de certification a évolué au cours du temps : le programme des UV a été revu à plusieurs reprises ; les QCM ont été multipliées pour les UV de connaissance en 2012, de manière à renforcer l’objectivité des épreuves ; une épreuve orale destinée à évaluer les compétences des candidats face à un client ou prospect a été ajoutée la même année.
Depuis 2012, deux sessions annuelles sont proposées aux candidats, pour leur permettre de repasser rapidement les épreuves qu’ils n’auraient pas réussies.
Trois certifications spécialisées ont été créées en 2013. Il s’agit de « Conseil en Protection Sociale Certifié CGPC », « Conseil Financier Certifié CGPC » et « Conseil en Investissement Immobilier Certifié CGPC ». La création de ces certifications répond à un double objectif : aux titulaires un véritable signe de différenciation dans des métiers fortement concurrentiels et leur offrir une passerelle pour accéder, lors d’une étape ultérieure, à la certification globale de « Conseil en gestion de Patrimoine Certifié CGPC ».
CGPC Formation a été relancée en 2014. Elle offre à présent des modules utiles à la formation continue des certifiés, obligatoire pour le renouvellement annuel de leur certification. Elle propose aussi des parcours de formation aux différentes certifications en présentiel et en e-learning.
S’agissant de la certification globale CGPC, 2016 verra l’introduction d’une nouvelle UV consacrée à la réglementation et à la déontologie, ainsi que de questions visant à vérifier les connaissances minimales à posséder en droit et fiscalité internationaux pour conseiller un client ou prospect expatrié ou impatrié avec professionnalisme.
Vous le voyez, CGPC est toujours en mouvement pour mieux servir les intérêts du client final.
3) Le passage de témoin entre Hervé de la Tour d’Artaise et vous a été préparé. Quelles sont les orientations qui ont été décidées pour CGPC ?
Dans la continuité de ce qui a été entrepris depuis 1997, nous avons décidé notamment :
- d’augmenter notre pénétration dans le milieu bancaire et de la renforcer auprès des CGP libéraux ;
- de développer nos liens avec les experts comptables ;
- de promouvoir la diffusion des 3 certifications spécialisées - dont le nombre pourrait augmenter ;
- de participer à la définition du métier de CGP en liaison avec les autorités de tutelle ;
- d’accroitre la notoriété de CGPC auprès du grand public.
4) La certification est un enjeu de taille pour la profession. Quelles sont les disciplines qu’elle recouvre aujourd’hui ? Va-t-elle évoluer ?
Aujourd’hui, un certifié CGPC aura dû passer avec succès des épreuves qui touchent à la totalité des domaines de la gestion de patrimoine : droit et fiscalité du patrimoine (personnes physiques et morales), environnement économique et financier du patrimoine, retraite, prévoyance, assurance-vie, immobilier. Comme je vous l’ai indiqué, le contrôle de ses connaissances aura été complété par une évaluation de ses compétences lors d’un oral.
A compter de 2016, CGPC aura aussi validé ses connaissances réglementaires et déontologiques, ainsi que sa conscience du caractère en partie local du conseil en gestion de patrimoine.
5) Quels sont, selon vous, les principaux enjeux auxquels sera confrontée la profession au cours des prochaines années ?
Cette profession doit être reconnue, quelle que soit la structure juridique à partir de laquelle elle s’exerce !
Elle souffre en France de la confusion qui règne dans les esprits des épargnants : ces derniers confondent trop souvent gestion de patrimoine et gestion de fortune.
Il nous appartient de faire connaître que le conseil en gestion de patrimoine est en réalité de la « planification financière personnelle » - terminologie utilisée dans le monde entier – plutôt que « d’allocation d’actifs ».
Enfin, la transparence des rémunérations doit s’appliquer à tous les acteurs et ne doit pas empêcher le plus grand nombre d’avoir accès à des conseils qualifiés.
Propos recueillis par Thierry Bisaga