… mais en fin de compte, l’histoire se résume à une affreuse faillite d’État combinée à un naufrage bancaire.
Par le docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.
Le trop fier débiteur s'est mis de lui-même sur la touche ; refusant toute coopération avec ses bailleurs de fonds qui doivent maintenant amortir une partie de leurs créances. Quid de la responsabilité pénale des politiciens et des chefs de banques centrales qui, au mépris de toutes règles, ont jeté l’argent par les fenêtres. On sanctionne le voleur de rue mais on gracie le président d’une banque centrale.
La Grèce reste dans l’UE et dans un premier temps dans la zone euro. L’interconnexion globale, si souvent défendue dans les discours politiques, ne fonctionne pas. Il n’existe pas de procédure de sortie de l’euro. En lieu et place, va s’installer une monnaie parallèle et informelle qui sera baptisée ultérieurement. Les euros nécessaires à l’importation de marchandises devront être achetés avec cette monnaie parallèle, peut-être selon une parité 2 : 1. L'appareil public grec reste trop important, les retraites sont impayables et l'économie n’est pas concurrentielle. C’est essentiellement un problème grec, non un problème européen. Ce pays va vivre un déclin dramatique. Seule la fierté reste.
Si l’on part du principe que les gouvernants agissent pour le bien de leur peuple, on ne comprend pas bien la démarche grecque. Cette hypothèse est toutefois naïve. Au lieu de cela, si on part du principe que Tsipras aspire au titre de communiste, héros du peuple, dans la lignée des Chavez, Morales, Castro ou même Kirchner, alors les 6 derniers mois prennent tout leur sens. En plein chaos, tout prédicateur s’insurgeant contre la conspiration étrangère devient un héros. Seuls les faits sont dérangeants. Et comme l’avançait récemment Hans-Werner Sinn (économiste allemand), chaque journée supplémentaire de poker de négociation a été une occasion supplémentaire pour transférer de l'argent hors de Grèce pour qu’il soit ensuite redonné à la Grèce par la BCE. Heureusement, on a arrêté le principe du libre-service qui permettait aux riches Grecs de se servir dans les poches de la banque centrale européenne. L’armée grecque s’est également déclarée disposée à rétablir l’ordre. Le dernier putsch remonte à 47 ans.
L’effet salutaire de la crise de la Grèce réside dans sa polarisation. Le Portugal, par exemple, fait actuellement beaucoup d’efforts pour se présenter comme un pays sans problème. En Europe, la distinction entre « assainisseurs sérieux » et « risques de crédit » devient plus marquée et les vertus sont confortées. L’Europe ne s’est pas couverte de gloire au niveau des négociations et on peut espérer que les réalités économiques seront, à l’avenir, reconnues plus vite, avec plus de détermination et avec moins d'illusions que jusqu'à présent. Les Etats-Unis ont connu ce processus dans les années 1792 à 1842. Il avait commencé par la solidarité financière des États fédéraux et s’est terminé par une règle d’exclusion de sauvetage (no-bailout).
Tandis que la Grèce joue un drame passéiste, ailleurs on explore les pistes de l’avenir : intelligence artificielle, nouveaux types de batteries, utilisation des pérovskites pour la production d'énergie solaire, nouveaux produits antiviraux, etc. Après avoir appris Shakespeare, nos robots Acatis peuvent également formuler des phrases dans le style du Faust de Goethe. Et les robots de reconnaissance d’images de Google ont des rêves à la Hiéronymus Bosch.
Fait passé quasiment inaperçu : Siemens a, ces derniers jours justement, lancé une unité pilote qui transforme l’électricité et l’eau en hydrogène. Ceci permet de stocker en quelques secondes sous forme de gaz l’électricité solaire et de l'envoyer directement dans le réseau. Une révolution ! Les prochaines années seront marquées par une chasse aux talents et au savoir. Les luttes passéistes qui se livrent actuellement en Europe nous détournent des enjeux véritablement importants.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir