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Turquie : après les élections, quelles perspectives économiques et boursières

Eli Koen, Responsable Actions Turques à l’Union Bancaire Privée, fait le point sur les conséquences de ces dernières élections.

Les marchés financiers turcs ont réagi négativement aux résultats de ces dernières élections : sur les cinq dernières séances, l’indice Borsa Istanbul 100 cède plus de 5,5%. 

Vers un gouvernement de coalition. L'AKP, le parti au pouvoir, est arrivé en tête pour la 4ème fois, avec 41% des votes. Cependant, le parti n’obtient que 258 députés, nombre insuffisant pour former un gouvernement majoritaire unipartite (la loi impose un minimum de 276). D'après les dernières estimations, le CHP pourrait obtenir 132 sièges, contre 80 pour le MHP et 80 pour le HDP. Avec quatre partis au parlement turc, 95% des votes y seront représentés.
La future configuration de coalition du parlement pourra prendre diverses formes (AKP-CHP, AKP-MHP, AKP-HDP etc.) et il sera difficile d'établir des pronostics sur les partis au pouvoir avant la fin des discussions relatives à la coalition.

Une réaction négative des marchés à court terme. Entre 1991 et 2002, période caractérisée par la présence de partis de coalition au pouvoir, la Turquie affichait une croissance économique très volatile. En revanche, cette croissance était plus forte sous les gouvernements majoritaires. De ce fait, les marchés voient d'un mauvais œil l'avènement d'un nouveau gouvernement de coalition. Par ailleurs, reste à déterminer si les membres de cette coalition parviendront à un accord pour modifier la constitution et faire passer la Turquie d'un régime parlementaire à un régime présidentiel. Dans cette perspective, un référendum pourrait être lancé au cours des mois à venir.
Ces préoccupations se sont concrétisées par une première réaction négative sur le marché des actions, mais sans véritable excès, les marchés ayant déjà commencé à coter sur la base d'une coalition probable suite aux sondages électoraux. Cela explique en grande partie la forte chute de l'indice BIST100, qui passe de 88,652 le 18 mai à 81,943 vendredi dernier, ainsi que la sous-performance de 2% de l'indice MSCI Turkey par rapport à ses pairs au cours de cette période.

Les performances dépendront des mesures gouvernementales en matière d'économie. Nous considérons que le ralentissement économique de la Turquie est l'une des principales raisons du déclin des suffrages en faveur de l'AKP. De ce fait, les deux partis membres de la coalition bénéficieront d'une meilleure position aux prochaines élections, dans la mesure où ils devraient s'avérer capables de dynamiser l'économie. Aucune élection législative n'étant prévue avant quatre ans, le gouvernement de coalition aura le temps et l'opportunité de se focaliser sur des réformes majeures, propres à résoudre des problèmes déjà anciens, tels que l'inflation persistante et le déficit important des comptes courants turcs. Tous les partis disposent de candidats capables de diriger l'économie du pays, tels que l'ancien vice-président de la Banque mondiale, l'ancien directeur de la banque centrale turque ou l'ancien PDG de la Bourse de Turquie. La nomination d'une équipe gouvernementale compétente sur le plan économique sera perçue de manière positive par les marchés.

Une coalition ne nuit pas nécessairement à l'économie...
Entre 1991 et 2002, l'économie turque a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 3,2% sous la direction de gouvernements de coalition. Entre 2003 et 2014, période pendant laquelle le pays était dirigé par un gouvernement majoritaire uni partite, ce taux était de 4,7%. Ainsi, même sous des gouvernements de coalition, l'économie turque affichait une croissance acceptable, bien que volatile.
Par ailleurs, il est difficile d'évaluer le nombre de facteurs externes ayant eu un impact sur la croissance globale du PIB au cours de ces périodes, la Turquie ayant entrepris des réformes structurelles conséquentes au cours des dernières années, dans l'optique de renforcer davantage la position de son économie à l'échelle mondiale. Il est à noter que le commerce international représentait en moyenne 18% du PIB entre 1991 et 2002, mais 50% entre 2003 et 2014. De ce fait, les perspectives économiques mondiales sont susceptibles d'avoir un impact plus important sur les performances globales du pays.

… elle peut améliorer les mécanismes régulateurs et offrir une réelle opportunité pour le processus de paix
Le parti AKP au pouvoir contrôlant la quasi-totalité des institutions, le manque de contrepouvoirs était il y a peu une source de préoccupations. Un gouvernement de coalition permettrait donc de faire coexister plusieurs points de vue, ce qui constituerait pour la Turquie une étape supplémentaire vers la mise en place d'un système démocratique de type occidental.
Par ailleurs, le HDP est aujourd'hui un parti plus fédérateur à l'échelle nationale, ayant bénéficié de suffrages dans tout le pays, et les citoyens turcs sont mieux représentés au parlement, grâce à la présence de quatre partis. De ce fait, une attitude active est attendue du parlement turc en ce qui concerne le processus de paix, de manière à résoudre les problèmes politiques qui touchent le sud-est du pays. Enfin, un système plus démocratique aurait à long terme des effets positifs sur la croissance économique de la Turquie.

Les tendances positives à long terme qui caractérisent la Turquie ne seront pas modifiées en substance par un changement de type de gouvernement. Fort d'une population jeune et de faibles chiffres par habitant dans de nombreux domaines, le marché intérieur turc recèle d'importantes opportunités de croissance. Par ailleurs, grâce à sa position au carrefour de l'Europe et de l'Asie, la géographie du pays offre un fort potentiel pour les exportations, susceptible de dynamiser la croissance économique globale. Enfin, la Turquie étant un grand importateur d'énergie, la situation des comptes courants turcs devrait également bénéficier de la baisse récente des prix énergétiques.

www.ubp.com

 

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