Les recommandations Juin 2015
Après un 1er trimestre décevant aux Etats-Unis, nous attendions un rebond qui n’a pas eu lieu. Ceci relève en particulier d’un effet saisonnier, comme au cours des dernières années. Même si cette situation est quelque peu déroutante, elle ne modifie pas nos projections à long terme pour une meilleure croissance, plus tard dans l’année. Les dernières données sont également mitigées pour le Japon comme pour la zone euro. Néanmoins, de réels progrès ont été réalisés dans ces économies qui, selon nous, devraient être des contributeurs importants de la croissance mondiale. Au Japon, les entreprises offrent une bonne rentabilité, notamment grâce aux exportations. Dans la zone euro, sur fond d’amélioration des conditions monétaires, on note une hausse des prêts.
Nous sommes dans une période dissonante où le comportement des marchés boursiers semble déconnecté des conditions économiques. La croissance décevante aux Etats-Unis a curieusement bénéficié à la bourse. Les attentes d’une hausse des taux de la Fed en juin ont diminué. Pour la plupart, les experts tablent maintenant pour septembre voire plus tard. Les actifs risqués ont profité de ce délai. Les bourses paraissent désormais plus focalisées sur la politique monétaire que sur les conditions économiques, dans les marchés développés mais également plus à l’Est, comme en Chine.
Dans les années qui ont suivi la crise financière, les banques centrales ont fait ce qu’il fallait pour limiter la volatilité, faciliter l’accès au crédit, et réguler les marchés financiers, favorisant des taux d’intérêt bas au détriment des épargnants et des prêteurs. L’amélioration des conditions économiques va atteindre un point où il faudra abandonner ces politiques voire les inverser. Quand cela sera effectif, il y a un risque que ce qui a été réprimé rejaillisse avec force sans qu’on puise bien en mesurer les dégâts potentiels.
La question clef se rapporte à la Fed, au calendrier et à l’envergure de sa future hausse des taux. Nous restons convaincus qu’à moins que la faiblesse ne perdure, la Fed devrait passer à l’action en septembre. La décision politique dépendra de l’amélioration de l’emploi aux Etats-Unis et de ses conséquences sur l’inflation.
Deux autres éléments pourraient également entrer en ligne de compte :
1/ il y a le désir de monter les taux afin qu’ils puissent à nouveau être baissés si besoin. Ceci donnerait à la Fed un levier essentiel face à tout ralentissement futur.
2/ il y a le besoin de rationaliser le marché du crédit, d’éviter des endettements excessifs et d’arrêter la mauvaise allocation des capitaux. Gérer la sortie de cette politique monétaire constitue pour Janet Yellen le test le plus important de son mandat.
Reste l’épineuse question des marchés émergents. Depuis longtemps, les bourses émergentes sous-performent les marchés développés. Cependant, nous nous demandons si la situation ne va pas désormais s’inverser. En effet, de nombreux facteurs nous suggèrent que nous atteignons ce point d’inflexion :
- l’allocation des portefeuilles globaux,
- la chute de géants des matières premières en Russie et au Brésil,
- la flambée des actions chinoises grâce à la politique monétaire et l’Asie, un des principaux bénéficiaires de la baisse du pétrole.
Si un dollar fort et un potentiel resserrement de la politique monétaire de la Fed ne présagent rien de bon pour l’avenir immédiat sur les émergents, nous nous attendons néanmoins à un point de retournement dès que la première hausse des taux aura eu lieu et qu’un dollar fort et des taux plus hauts seront bien intégrés par les marchés. Ce qui pourrait bien constituer le point de bascule.
Allocation d’actifs
Barings maintient son allocation d’actifs inchangée : préférence pour les actions avec un biais sur le Japon et l’Europe. Sur le plan sectoriel, nous avons revalorisé les finances (surpondérées) les conditions étant désormais plus favorables pour les banques américaines comme européennes. Nous avons dégradé la consommation courante (sous-pondérée) compte tenu des valorisations actuelles. Nous sommes revenus à une position neutre sur la consommation durable, les bienfaits d’une énergie bon marché ayant, selon nous, déjà été intégrés dans les cours. Par rapport au dollar, nous sommes neutres sur l’euro, le yen et la livre sterling, tablant sur une consolidation des changes avant la hausse des taux américains au second semestre.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir