Connexion
/ Inscription
Mon espace
Tribunes & Témoignages
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Témoignage] Décryptage Reprise d'entreprises : les clés de la réussite par Sadec Akelys

Quand l’entrepreneuriat est inscrit dans les gènes, certains se lancent en créant leur entreprise, et d’autres en en reprenant une existante.
- Qui sont ces repreneurs* ?
- Quelles qualités faut-il posséder ?
- Comment réussir dans cette aventure plus qu’engageante ?
- Comment être bien accompagné ?


Eclairage de Franck Hugonnot, Expert-comptable et
Directeur Associé de Sadec Akelys (bureau de Lille), spécialisé dans l’accompagnement des entreprises à toutes les étapes de leur développement et notamment celle de la cession/acquisition.

Qui peut reprendre une entreprise ?

En théorie tout le monde. Mais en pratique, l’aspect financier restreint très rapidement le nombre de candidats. On considère en général qu’il faut un apport d’environ 20% de la valeur du prix de l’entreprise à racheter : pour un projet d’1 million, il faut compter 200 000€ apportés directement par le repreneur.

Selon Franck Hugonnot, : « il faut des entrepreneurs dans l’âme. Ce sont souvent des profils qui sortent de groupe, d’écoles de commerce qui avaient déjà en tête un projet d’entreprise et qui se lancent dès qu’ils en ont l’occasion et les moyens. L’entrepreneur ne veut pas dépendre de quelqu'un, il veut créer les propres conditions de sa réussite. Ce sont des dirigeants. »

Quelles sont les qualités d’un repreneur ?

S’il existait 3 vertus cardinales : ce serait la persévérance, la ténacité et la patience… car ce sont des processus assez longs voire même très longs.

Sans oublier beaucoup de temps de réflexion et de cheminement et notamment sur son propre statut le temps de la reprise. Certains repreneurs vont vouloir conserver leur emploi actuel, d’autres le quitter pour s’adonner à plein temps dans la recherche d’une entreprise. Un conseil de Franck Hugonnot est de bien étudier sa sortie de l’entreprise : « négocier une rupture conventionnelle ou opter pour une démission pour reconversion permettent de conserver une indemnisation de France Travail durant le temps de la recherche notamment ». Et pour ceux qui souhaitent garder leur emploi malgré tout, ils se rendent compte assez vite qu’ils n’ont pas le temps de mener les recherches ou d’effectuer les démarches de reprise d’entreprises en restant salariés. Ils finissent généralement par se rapprocher de leur employeur pour trouver une solution de départ adaptée.

Que parcours pour un entrepreneur ?

Il faut rencontrer un maximum de personnes et définir son projet et ses objectifs : La fiche de cadrage demandée à tout candidat à la reprise lui permet de se poser les bonnes questions, autant pour clarifier son projet que pour rencontrer par la suite les différents partenaires : combien suis-je prêt à investir ? Ai-je des amis, de la famille pour soutenir mon projet ? Vers quelle entreprise me diriger (industrie, BtoC, BtoB, régionale, nationale, internationale…) ?

Une fois cette fiche remplie, l’expert-comptable va aider l’entrepreneur à affiner son projet en lui ouvrant par exemple de nouvelles perspectives et/ou en levant ses à priori sur certains secteurs d’activités ou certains types d’entreprises. 

Il faut bien évidemment aller voir les banques mais il faut surtout activer et rencontrer tous les réseaux spécialisés, comme les CCI, par exemple qui disposent de fichiers de fonds de commerce à reprendre, tous les réseaux locaux tels que les C.R.A (Cédants et Repreneurs d’affaires) qui facilitent la transmission des petites et moyennes entreprises, ainsi que tous les acteurs locaux (fonds d’investissements dans les start ’up, PME et ETI, banques d’affaires…) et il faut s’inscrire dans tous les réseaux tels que les Clubs de Repreneurs, par exemple. Il est primordial de parler le plus possible de son projet, autant pour l’affiner que pour trouver une entreprise car s’il y a beaucoup de candidats à la reprise, il n’y a en réalité que très peu d’affaires à reprendre.

PME, industrie, BTP, TPE… on trouve tout type d’entreprise à reprendre mais avec une seule constante : plus l’entreprise est rentable et en bonne santé, plus elle se vendra cher.

Quel est le rôle de l’expert-comptable ?

« L’expert-comptable va être en quelque sorte le chef d’orchestre de cette aventure. Il va identifier les éléments à faire apparaitre dans les actes en amont de la rédaction du protocole par un avocat ».

Dans l’ordre : après avoir aidé son client à finaliser sa fiche de cadrage et une fois l’entreprise trouvée, l’expert-comptable pourra rédiger la LOI (letter of Intention) : ce document fait part de l’intérêt de l’acquéreur pour l’entreprise où il donne les principales conditions de son futur engagement.

Le cédant peut recevoir plusieurs lettres d’intention mais à partir du moment où il notifie son acceptation d’une LOI, on entre dans le processus de cession.

L’expert-comptable va alors demander différents audits d’acquisition et confirmer l’évaluation de l'entreprise (pour vérifier que le prix demandé est en adéquation avec la valeur réelle de l’entreprise). Souvent les repreneurs ont en amont une idée de la valorisation mais notre accompagnement consiste à refaire toutes les études pour s'assurer que les comptes sur lesquels se basent le futur acheteur sont exacts. L’expert-comptable va également préparer les différents prévisionnels à envoyer aux banques afin qu’elles puissent se positionner pour accompagner le repreneur dans son projet.

Une fois l’ensemble des doutes levés : audits, conditions suspensives, obtention du financement, etc. L’expert-comptable va définir le cadre (et les indicateurs) de ce que devra contenir le protocole de cession des parts sociales. Ce document sera très souvent assorti d’une GAP (Garanties d’Actifs Passifs) et rédigé par un avocat.

Une fois les actes signés, l’entreprise est cédée définitivement à l’acquéreur qui devient le nouveau propriétaire des parts sociales. D’où l’importance de bien mesurer son engagement avant de se lancer dans l’aventure, en allant même jusqu’à préparer sa future sortie en créant, toujours avec l’aide de l’expert-comptable, une Holding de reprise qui servira notamment à lever le financement et à rembourser la dette pendant l’acquisition.

Ces créations sont aujourd’hui quasi systématiques, ne serait-ce que pour le financement car si l’acquéreur devait financer, la reprise à titre personnel, le montant de la charge fiscale serait trop important pour lui seul.

Enfin, la modification des statuts de l’entreprise (nouveau dirigeant) fera l’objet d’une publication au Greffe (l’organe administratif associé au tribunal de commerce).

Si vous aviez un ultime conseil ?

« Avant de se lancer, dresser la liste de ce que l’on souhaite et de ce que l’on ne souhaite pas. Et, au-delà même de mon rôle, je dirais aussi que le futur acquéreur doit être bien entouré et se sentir soutenu par sa famille. Il faut vraiment que son cercle de proches (femmes/maris et enfants) acceptent le projet et que ce dernier leur soit bien expliqué car il difficile de gérer une entreprise et c’est un engagement de tous les jours », conclut Franck Hugonnot.

*Nous ne parlerons pas ici des professionnels de la reprise qui acquièrent des sociétés, les revendent et en font leur business, mais bien des entrepreneurs se lancent pour la première fois et pour qui une reprise est le projet d’une vie.

Lire la suite...


Articles en relation